Turquie; Armeniens – La Fin D’Un Tabou

TURQUIE; ARMENIENS – LA FIN D’UN TABOU
par Nukte V. Ortaq

L’Express
22 Janvier 2009
France

Des dizaines de milliers de Turcs ont deja signe la petition pour
demander pardon des massacres de 1915. Et le debat enfle.

Ce ne sont que quatre petites lignes, imprimees en gris sur
fond anthracite. Mais les auteurs de ce court texte, une poignee
d’intellectuels turcs, ont propulse au plein jour un debat qui se
deroulait jusqu’a present, pour l’essentiel, derrière les portes des
campus. Depuis le debut de decembre, 27 000 Turcs ont deja paraphe
ces deux phrases : " Ma conscience ne peut accepter que l’on reste
indifferent a la Grande Catastrophe que les Armeniens ottomans ont
subie en 1915, et au fait qu’on la nie. Je rejette cette injustice et,
pour ma part, je partage les sentiments et les peines de mes soeurs
et frères armeniens et je leur demande pardon. "

Pour certains, le manifeste, redige par un petit groupe rassemble
autour de Baskin Oran, ex-professeur d’universite et militant des
droits de l’homme, est imparfait. Faut-il vraiment que des individus
vivant au xxie siècle s’excusent personnellement de crimes, si affreux
soient-ils, perpetres en 1915 ? " Ne sous-estimez pas votre parole,
ce n’est peut-etre pas le meilleur texte mais vos mots ont transperce
[l’indifference] ", repond l’ecrivain armenienne Karin Karakasli.

Les opposants a la levee du tabou n’ont, eux, aucune peine a
reconnaître l’importance de la chose . Un groupe d’ambassadeurs a la
retraite denonce la petition, qu’ils jugent contraire aux interets du
pays. Ils y voient aussi un acte de trahison envers les42 diplomates
turcs assassines par les terroristes armeniens de l’Asala dans les
annees 1980. La justice a ouvert une enquete et etudie l’opportunite
de poursuites. A l’extreme droite, les nationalistes du MHP (Parti
d’action nationaliste) accusent les petitionnaires de noircir
l’histoire turque.

Des contre-petitions ont fleuri sur Internet, exigeant des excuses
pour les Turcs. Les debats sont violents et recourent parfois a la
menace. Mais toute cette effervescence ne fait qu’attiser l’ardeur
des signataires.

" La remise en question du tabou armenien avait en fait commence en
1996 grâce a l’hebdomadaire Agos, dirige par Hrant Dink, analyse Oral
Calislar, journaliste au quotidien Radikal. Son assassinat en 2007 a
suscite un grand traumatisme dans la population. Il a chamboule les
idees que l’on se faisait de la fraternite. "

" S’excuser non pas pour mettre fin, mais tout au contraire pour
pouvoir commencer a parler du sujet ", comme l’ecrit l’universitaire
Ayse Kadioglu, c’est la l’enjeu. Des intellectuels francais d’origine
armenienne (le cineaste Robert Guediguian, le journaliste Jean
Kehayan, les comediens Simon Abkarian et Serge Avedikian…) ne s’y
sont pas trompes : ils ont redige en retour une lettre publique de
remerciements.

" La campagne "Je m’excuse…" brise le discours de ceux qui defendent
l’idee que tout ce que dit l’Etat est juste et doit etre accepte sans
discussion ", avance Calislar. L’analyste reconnaît le risque de voir
la petition jeter de l’huile sur le feu des passions nationalistes,
mais cela en vaut la peine. Cengiz Algan, militant du mouvement
contre le racisme DurDe (Dis, arrete !), confie que la campagne va
continuer pendant un an : " Ce n’est qu’un debut. Et deja les prejuges
reculent. "

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From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress

Emil Lazarian

“I should like to see any power of the world destroy this race, this small tribe of unimportant people, whose wars have all been fought and lost, whose structures have crumbled, literature is unread, music is unheard, and prayers are no more answered. Go ahead, destroy Armenia . See if you can do it. Send them into the desert without bread or water. Burn their homes and churches. Then see if they will not laugh, sing and pray again. For when two of them meet anywhere in the world, see if they will not create a New Armenia.” - WS