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Les parlementaires français face à l’amertume des Turcs

La Nouvelle République du Centre Ouest
07 février 2005

Le président de l’Assemblée nationale Jean-Louis Debré et les
présidents de groupe ont été confrontés en Turquie à
l’incompréhension et à l’amertume des Turcs vis-à-vis des réticences
françaises sur l’adhésion d’Ankara à l’Union européenne.

Venus « sans a priori, ni préjugé », M. Debré et les présidents de
groupe, Bernard Accoyer (UMP), Jean-Marc Ayrault (PS), Alain Bocquet
(PCF) et Hervé Morin (UDF) ont pu mesurer, pendant trois jours,
d’Ankara à Istanbul, le fossé créé entre les deux pays par le débat
en France.

Tous leurs interlocuteurs, du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan
aux parlementaires, en passant par les chefs d’entreprise, les
associations et les universitaires, ont exprimé leur « déception » ou
se sont dit « choqués ».

L’éventualité d’un référendum sur cette adhésion a soulevé le plus de
critiques, dont celle de M. Erdogan, qui, selon un membre de la
délégation, a lancé jeudi : « Je ne savais pas que 400.000 Arméniens
pouvaient faire échouer un référendum. »

Même incompréhension samedi à Istanbul, où les responsables de
l’université francophone de Galatasaray ont vilipendé le traitement
particulier réservé à leur pays, alors qu’aucun référendum n’est
prévu pour la Croatie.

M. Ayrault a souligné que les socialistes français étaient opposés à
cette disposition, de même que M. Bocquet, tandis que M. Debré l’a
défendue. Ce dernier a expliqué qu’une telle consultation était «
normale » s’agissant d’un « grand pays de 71 millions d’habitants »,
en rappelant qu’il en avait été ainsi pour la Grande-Bretagne.

Le patronat turc (Tusiad) a manifesté son amertume en s’étonnant «
des peurs et des inquiétudes » des Français qui leur font oublier «
l’essentiel », à savoir que « la Turquie et l’Union européenne
peuvent créer de la valeur ajoutée ».

Tous les membres de la délégation française se sont employés à «
écouter et comprendre ». Mais M. Accoyer, partisan d’un partenariat
privilégié avec la Turquie, a eu la tâche un peu plus dure, face aux
Turcs critiquant la phrase du président de l’UMP Nicolas Sarkozy « si
la Turquie était en Europe, ça se saurait ».

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