Conference-debat de Hilda Tchoboian sur a l’Europe et le genocide

Conférence-débat de Hilda Tchoboian sur « l’Europe et le génocide arménien »
VALENCE

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dimanche18 avril 2010, par Krikor Amirzayan/armenews

Hilda Tchoboian, présidente de la Fédération Euro-Arménienne pour la
Justice et la Démocratie était le 17 avril l’invitée à Valence de la
Coordination des organisations arméniennes Drôme-Ardèche (Coada) pour
une conférence-débat sur le thème de « l’Europe et le génocide
arménien ».

Hilda Tchoboian fit tout d’abord l’historique du combat aboutissant à
la reconnaissance du génocide arménien par le Parlement européen de
Strasbourg, le 18 juin 1987. « Depuis cette date, nous sommes devant
une diplomatie turque qui est montée au front avec toute la force que
l’on connait » dit H. Tchoboian. Elle ajoutait « mais dans le même
temps, l’Europe avait le modèle du génocide avec celui des juifs qui a
facilité l’entrée des débats autour de la reconnaissance du génocide
arménien (…) mais la Turquie redoublait ses efforts diplomatiques
pour contrer cette démarche ». Ankara dans un cynisme absolu
renversant la logique arrivait à une stratégie qui obligeait les
Arméniens à apporter la preuve du génocide ! Retraçant les évènements
qui ont suivi cette reconnaissance du Parlement européen de Strasbourg
et les autres textes de reconnaissance du génocide arménien au
Parlement européen, Hilda Tchoboian revint sur la mise en place par
Ankara qui fut fortement conseillé et aidé par les Etats-Unis, d’une
commission d’historiens chargés de débattre sur les évènements de
1915.

« Le dialogue arméno-turc fut ainsi instrumentalisé par le
gouvernement turc et aujourd’hui encore nous devons être extrêmement
prudents sur ce dialogue » affirma H. Tchoboian qui n’exclut toutefois
pas ce dialogue pour « faire avancer les choses, car l’Arménie a
besoin de sortir du blocus, elle a besoin d’ouverture et de sortie
vers l’Ouest, la Turquie ». H. Tchoboian évoqua également la position
de la diplomatie arménienne sur ses relations avec la Turquie. « Avec
le président Robert Kotcharian, la doctrine de l’Arménie a été
d’approuver l’ouverture des frontières sans pré-conditions sur le
génocide (…) puis lorsque le président Robert Kotcharian a placé la
reconnaissance du génocide dans les priorités de sa diplomatie, la
position de l’Europe a changé quelque peu, elle est alors devenue plus
à l’écoute de nos demandes et actions visant à la reconnaissance du
génocide arménien ».

Toutefois H. Tchoboian qui appelle à une structuration plus importante
de la diaspora arménienne appelle l’Arménie à « intégrer la diaspora
dans sa stratégie diplomatique ». H. Tchoboian se dit inquiète quant à
l’avenir avec « la puissante machine à intégrer la Turquie en Europe
qui écrase tout sur son passage ». Elle évoqua le lobbying important
en faveur de la Turquie, « très grand pays qui est soutenue par de
nombreuses sociétés qui ont des intérêts ». Face à ce « rouleau
compresseur » la défense de la cause arménienne à Bruxelles reste très
difficile. « Mais de temps en temps, nous sommes entendus » ajouta H.
Tchoboian qui est toutefois pessimiste quant à l’avenir avec une «
intégration de la Turquie en Europe, car marche turque vers l’Europe
avance tous les jours et aboutira inéluctablement ! Ensuite, s’il y a
intégration de la Turquie, les Européens se rendront compte de leur
erreur…mais ce sera déjà trop tard ! ».

A la question de la reconnaissance du génocide par Ankara, Hilda
Tchoboian a répondu « je ne pense pas que la Turquie reconnaisse le
génocide arménien car la doctrine de l’ethnie dominante et le mépris
des autres peuples est très forte. Et tant que cette attitude hyper
nationaliste restera dans les esprits des Turcs, le génocide arménien
ne sera pas reconnu (…) nous pouvons nous réjouir des voix des
intellectuels qui sont nombreux aujourd’hui à appeler à la
reconnaissance du génocide. Mais je ne pense pas que leurs voix qui
sont très minoritaires dans ce grand pays soient entendues. N’oublions
pas que lors du génocide il y a eu également des Turcs qui ont protégé
des Arméniens et se sont opposés au génocide. Mais cela restait comme
aujourd’hui une minorité qui ne pouvait changer le cours des choses et
la politique du gouvernement turc ». Que faire dans ces conditions ? «
Continuer le combat, se rassembler, parler d’une même voix à l’Europe,
et compter sur nos forces ».

Texte et photos Krikor Amirzayan

Hilda Tchoboian

Un public attentif

A l’écoute de Hilda Tchoboian

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