Question du genocide, une entrave a la normalisation

Agence France Presse
27 avril 2005 mercredi 12:15 PM GMT

La question du génocide, une entrave à la normalisation
turco-arménienne (Erdogan)

ANKARA 27 avr 2005

La campagne d’Erevan visant à une reconnaissance internationale des
massacres d’Arméniens en 1915 comme un génocide constitue une
entrave à l’établissement de relations entre la Turquie et
l’Arménie voisine, a déclaré mercredi le Premier ministre turc
Recep Tayyip Erdogan.

“Avant que nous ne prenions une décision politique (pour normaliser
les liens), il y a une question fondamentale qui devrait être
résolue et il s’agit de problèmes qui prennent leur source dans
l’histoire”, a-t-il dit aux journalistes.

Il était appelé à commenter une lettre du président arménien
Robert Kotcharian qui a répondu mardi par un oui conditionnel à la
proposition d’Ankara de créer une commission d’experts pour étudier
les massacres d’Arméniens, déclarant qu’il fallait au préalable
établir “des relations normales” entre les deux pays.

Ankara réclame qu’Erevan renonce à sa campagne pour que soient
considérés comme un génocide ces événements, qui se sont
produits aux dernières années de l’empire ottoman, avant
l’établissement de liens diplomatiques bilatéraux.

La Turquie a reconnu l’Arménie à son indépendance en 1991, mais
sans établir de relations diplomatiques. Elle avait fermé sa
frontière avec l’Arménie en 1993 à la suite de la conquête par
des forces arméniennes de l’enclave du Nagorny Karabakh en
Azerbaïdjan, un pays turcophone proche de la Turquie.

M. Erdogan a affirmé que son pays avait ouvert ses archives à tous
les historiens pour étudier cette période et exhorté l’Arménie à
en faire de même.

“Pourquoi n’ouvrent-ils pas leurs archives officielles. C’est crès
curieux”, a-t-il dit.

Les Arméniens ont commémoré dimanche les 90 ans des massacres, qui
ont été officiellement reconnus comme génocide par plusieurs pays
et dont ils estiment le bilan humain à 1,5 million de morts.

La Turquie rejette catégoriquement la thèse d’un génocide,
estimant qu’il s’agissait d’une répression dans un contexte de
guerre civile où les Arméniens s’étaient alliés aux troupes
russes qui avaient envahi l’empire ottoman.

Ankara évalue à 300.000 le nombre d’Arméniens massacrés et
affirme qu’au moins autant de Turcs avaient été tués.