REVUE DE PRESSE
Histoire d’un livre : aux sources du génocide arménien
L’idée du recueil est née il y a deux ans, au cours d’une discussion
entre deux historiens, Raymond Kévorkian et Yves Ternon, et un expert
en géopolitique, Gérard Chaliand. Ce dernier suggère, dans la
perspective de la commémoration, en 2015, du centenaire du génocide
des Arméniens, de préparer une publication en français de toutes
sources historiques (témoignages, documents diplomatiques,
reportages…) concernant la tragédie. Il n’y a pas, ajoute-t-il
alors, d’équivalent en France des travaux d’Ara Sarafian, chercheur
britannique et directeur de l’Institut Gomidas, Ã Londres, qui a
rassemblé en 2007 les sources américaines sur le sujet.
Raymond Kévorkian, Yves Ternon et Gérard Chaliand se connaissent bien.
Ce sont des amis de trente ans, réunis par la question arménienne,
dont ils sont spécialistes et qu’ils ont largement contribué Ã
défendre en France et dans le monde. Issus de la même génération, Yves
Ternon et Gérard Chaliand sont les auteurs, en 1980, de 1915, le
génocide des Arméniens (Complexe), l’un des premiers livres en
français publiés sur ce crime contre l’humanité. De son côté, le cadet
du trio, Raymond Kévorkian, ancien directeur de recherche à l’Institut
français de géopolitique, ancien conservateur de la Bibliothèque
arménienne Nubar Pacha, a signé un ouvrage de référence, Le Génocide
des Arméniens, paru en 2006 chez Odile Jacob. Il est aujour-d’hui
considéré comme l’un des meilleurs spécialistes au monde de la
question arménienne. Recoupements
Aussi, lorsque Raymond Kévorkian leur demande de le laisser faire sur
la méthode, ses deux amis lui témoignent aussitôt leur confiance, en
premier lieu son coauteur Yves Ternon. Le temps presse, les deux
chercheurs disposent de moins de deux ans avant le rendez-vous de 2015
pour rassembler, sélectionner leurs sources et remettre leur manuscrit
à Jean-Christophe Brochier, éditeur au Seuil. Au fil des mois, ils se
rendent compte qu’en élargissant leur champ de recherche aux autres
sources occidentales et turques, ils parviendront à produire, en
français, un ouvrage inédit dans le monde : un > qui croise
les témoignages et les met en perspective avec les archives. Ainsi,
les récits d’anonymes recouperont les déclarations des dirigeants
jeunes-turcs, responsables du génocide. C’est là , explique Yves
Ternon, toute l’originalité de ce livre inspiré du Bréviaire de la
haine, de Léon Poliakov (1910-1997), paru en 1951 (Calmann-Lévy). > Historien de la
Shoah, Léon Poliakov fut l’un des premiers chercheurs à avoir eu accès
aux archives de la Gestapo et réuni les sources sur le génocide des
juifs.
Mais, avertit Yves Ternon, il ne s’agit en aucun cas d’un travail de
comparaison. L’objectif est avant tout de >, précise Raymond Kévorkian, lequel a proposé par ailleurs Ã
son collègue de ne pas transformer l’ensemble des données en un récit
historique classique, mais de les présenter sous la forme d’> sur le génocide de 1915. L’intention est
d’obtenir un enchaînement fluide entre les témoignages des victimes et
les sources officielles.
Gaïdz Minassian
La suite sur le lien plus bas
samedi 3 janvier 2015,
Stéphane (c)armenews.com
D´autres informations disponibles : Le Monde