FRANCE-INTER : GEOPOLITIQUE : “FRANCOIS, LES TURCS ET LE PARLER VRAI”
Publie le : 17-04-2015
Info Collectif VAN – – Belle chronique de Bernard
Guetta ce mercredi 15 avril dans Geopolitique du 7/9 de France-Inter
(8h16 – 15 Avril 2015. Si meme les membres de l’Institut du Bosphore,
organe de lobbying d’Ankara, commencent a tenir ce type de discours
sur “la Turquie [qui] persiste dans un deni que plus rien ne peut
expliquer”, la diplomatie turque peut commencer a se poser des
questions. Ce qui ne doit pas empecher les membres de cet organisme
“Bosphorisant” de s’interroger sur leur propre responsabilite dans ce
negationnisme d’Etat qu’ils encouragent de facto par leur soutien. A
savoir : L’Institut du Bosphore a ete l’un des fers de lance de la
cabale (couronnee de succès) contre la loi francaise de penalisation
de la negation du genocide armenien. Le Collectif VAN vous propose
la video de cette emission du 15 avril 2015.
France Inter
Geopolitique
par Bernard Guetta
Francois, les Turcs et le parler vrai
l’emission du mercredi 15 avril 2015
(re)ecouter cette emission
L’ambassadeur turc au Vatican a ete rappele pour consultations. A
Ankara, le nonce a ete convoque aux Affaires etrangères. President de
la Republique en tete, les dirigeants turcs s’epoumonent a denoncer
des propos >. C’est la crise entre le
Saint Siège et la Turquie et la raison en est cette denonciation par
le pape, claire et sans ambages, du genocide dont les Armeniens de
Turquie ont ete victimes il y a exactement un siècle.
>, avait lance Francois dans un message aux Armeniens lu, dimanche,
au debut d’une messe a laquelle avaient ete convies non seulement de
hauts dignitaires religieux armeniens mais egalement le president de
l’Armenie, petit Etat sorti de l’Union sovietique. Il s’agissait la
d’une declaration que le pape avait ainsi voulue solennelle, voire
retentissante, et il faut l’en applaudir et le remercier.
Il le faut, car en cette annee du centenaire de ce crime, le
refus d’en reconnaître la realite dans lequel s’obstine la Turquie
devient proprement insupportable. Il pouvait etre explicable – non
pas excusable mais explicable – lorsque la Turquie contemporaine,
a peine remise de la perte de son immense Empire, en etait encore a
se construire et s’affirmer sur la scène internationale. Ce n’etait
pas le moment, pouvait-elle se dire alors, de s’accabler d’un crime
que le monde avait, qui plus est, largement oublie et auquel beaucoup
des fondateurs de la nouvelle Turquie avaient eux-memes participe.
Au crime d’Etat succedait le mensonge d’Etat que la raison d’Etat
commandait mais, bon… Peut-etre pouvait-on comprendre comme on a
longtemps pu comprendre que la Turquie d’après-guerre ait persiste
dans ce deni, prise qu’elle etait entre ses permanents coups d’Etat
militaires et la violence de ses independantistes kurdes. Reconnaître
le genocide des Armeniens aurait pu affaiblir un pays confronte a
cette menace de fractionnement…
Peut-etre. Admettons-le, mais aujourd’hui ? La Turquie est aujourd’hui
une puissance economique en plein developpement. La violence kurde a
fait place a des negociations difficiles mais prometteuses. Plus rien
ne menace la Turquie mais, malgre les appels des plus nobles de ses
intellectuels, c’est toujours non. La Turquie, encore et toujours,
persiste dans un deni que plus rien ne peut expliquer, si ce n’est
un orgueil de puissance et, sans doute aussi, la crainte de demandes
de reparations financières et de restitutions de biens voles.
L’Eglise catholique se devait de marquer le centenaire du genocide
des chretiens que sont les Armeniens et Francois a d’autant plus tenu
a le faire que d’autres chretiens, ceux du Proche-Orient, sont en ce
moment meme chasses de leurs pays par la terreur et le sang.
Ne pas parler aussi fort de ce genocide eût ainsi ete se resigner au
silence sur le martyre d’aujourd’hui que Francois a, au contraire,
denonce dans le meme souffle en parlant du
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