Elle s’exprime dans neuf langues

TVA Nouvelles, Canada
31 juillet 2017


Elle s’exprime dans neuf langues

Benoît Philie | Agence QMI

Benoît Philie | Journal de Montréal

Diana Skaya parlait déjà six langues à l’âge de cinq ans. Dans sa vingtaine, au lieu de sortir avec ses amis, elle préférait écouter des téléséries en grec dans sa chambre pour apprendre… sa neuvième langue.

«Pour moi, c’est une passion, mais aussi une facilité. Il y a toute une culture qui vient avec une langue, c’est fascinant», explique la Montréalaise.

Originaire d’Arménie, la jeune femme de 30 ans a eu toute jeune la piqûre pour les langues.

«À la maison, c’était l’arménien, le russe, et ma grand-mère me parlait seulement en polonais. Comme on voyageait souvent en Ukraine, j’ai aussi appris l’ukrainien. Les parents ont une grande part de responsabilité dans l’apprentissage des langues de leurs enfants», raconte celle dont la mère parle aussi sept langues.

En arrivant à Montréal à 4 ans, elle parlait déjà ces quatre langues d’Europe de l’Est auxquelles se sont greffés l’anglais et le français à peine un an plus tard. L’espagnol est ensuite venu naturellement à l’adolescence au cours de voyages au Mexique et à Cuba, et ensuite l’arabe, à l’université, qu’elle a appris au terme de trois années d’apprentissage intense et difficile.

Elle a plus récemment commencé à apprendre le grec par elle-même lors d’un séjour de quatre mois en Grèce, où elle travaillait comme interprète. Pendant ses temps libres, elle préférait étudier la langue dans sa chambre d’hôtel au lieu de sortir avec ses amis le soir.

«J’ai acheté des livres de conversation, mais ma technique préférée est d’écouter des téléséries et des films à la télévision. Au début, c’est difficile, mais ça fonctionne», assure-t-elle, ajoutant que le grec est pour elle la plus belle langue.

Elle aimerait maintenant se mettre à l’hébreu, une langue notamment parlée en Israël qui l’attire depuis un moment.

Mme Skaya enseigne l’anglais à temps partiel et travaille dans le domaine du cinéma.

Elle donnera d’ailleurs une conférence au LangFest de Montréal, qui a lieu du 25 au 27 août, à propos d’un docudrame qu’elle a écrit en trois langues et qui raconte l’histoire de son grand-père assassiné par le régime de Staline en Ukraine dans les années 1930.

L’un des organisateurs de l’événement, Joey Perugino, estime que Montréal est un lieu privilégié pour l’apprentissage des langues, vu la coexistence du français et de l’anglais, et la présence de nombreux immigrants. Lui-même polyglotte, il est en train d’apprendre sa sixième langue, le roumain.

Il a créé le LangFest pour partager sa passion et créer un forum pour les amateurs de langues.

«Quand tu commences à parler une nouvelle langue et à avoir des échanges avec quelqu’un, c’est un moment où tu te sens très très très heureux», lance M. Perugino, qui dit être «condamné» à apprendre des langues pour le reste de sa vie.

Bella, une prodige russe de 4 ans qui parle sept langues ainsi que Richard Simcott, qui en maîtrise environ 40, comptent aussi parmi les invités de marque au LangFest cette année.

1. Se faire une oreille: se renseigner sur la culture et écouter du contenu dans la langue que l’on veut apprendre (films, séries télé, musique). «Au début, on ne comprend rien, mais on s’habitue», assure Diana Skaya.

2. Étudier la langue: télécharger des applications, écouter des vidéos YouTube ou lire des livres qui donnent certaines bases sur la langue choisie. Le but est de pouvoir tenir une conversation structurée. Il faut connaître une trentaine de phrases et entre 5000 et 10 000 mots de vocabulaire pour commencer à avoir une discussion, estime Joey Perugino, polyglotte et cofondateur du LangFest.

3. Parler la langue et approfondir ses connaissances: voyager dans les pays où la langue est parlée et discuter avec les habitants. Utiliser des sites comme itlaki.com pour avoir des conversations en ligne.

4. Conserver la connaissance de la langue : une étape cruciale. La seule manière de conserver sa connaissance d’une langue est de la pratiquer et de la parler couramment, estime Diana Skaya. Selon elle, une pause de six mois suffit pour commencer à «perdre» une langue.

1. Russe

2. Ukrainien

3. Arménien

4. Polonais

5. Arabe

6. Grec

7. Espagnol

8. Anglais

9. Français