Le Noël des arméniens-orthodoxes

L'Orient-Le Jour, Liban
4 janv 2019


Dr Vartkés ARZOUMANIAN
OLJ
04/01/2019

Le 6 janvier. Le Noël des arméniens-orthodoxes. C’est le jour de l’an où partout au monde les Arméniens se rendent à l’église pour célébrer Noël. Que c’est beau ce jour, que c’est émouvant de voir toutes les familles sans distinction d’âge se rendre à l’église pour célébrer Noël, glorifier et sanctifier la naissance de Jésus-Christ.

Pour les Arméniens, la chrétienté n’est pas juste une religion monothéiste que l’on pratique parce que simplement nous en sommes marqués par la naissance. Non, pas du tout… Pour les Arméniens, cette religion représente une autre dimension spirituelle. L’histoire le confirme : c’est leur source d’inspiration, de joie, de force qui leur permet de vivre et de survivre. En d’autres termes, pour eux, la chrétienté est l’air qui comble leurs poumons. L’Arménie historique en est la preuve avec plus de 3 000 églises et monastères…

La chrétienté a été introduite en Arménie au premier siècle grâce aux apôtres Thaddée, Simon et Barthélemy. C’est au début du quatrième siècle en l’an 301 que Grégoire l’Illuminateur a converti le roi Tiridate au christianisme. Ainsi, l’Arménie a été le premier État au monde à avoir adopté officiellement le christianisme comme religion d’État.

Avec toute la gloire et la bénédiction divines que la nouvelle religion a octroyée au peuple arménien, elle a hélas été l’une des sources de misère et de désolation au pays de l’arche de Noé à cause de la visée des envahisseurs étrangers qui cherchaient en vain à imposer leur religion. En se penchant sur les cahiers de l’histoire, on peut se souvenir des invasions sassanides, arabes, byzantines, seldjoukides, mongoles, mamelouks, perses, et pour finir les Ottomans, pour ne citer que quelques-uns.

Au commencement, jusqu’au quatrième siècle, toutes les églises chrétiennes fêtaient à la fois Noël et le baptême de Jésus-Christ le 6 janvier. Plus tard, la date du 25 décembre fut décidée par l’Église catholique avec le pape Libère pour célébrer Noël à la place d’une fête païenne dédiée au soleil (la fête du Sol Invictus) dans l’Empire romain. L’Église arménienne absente du concile de Chalcédoine (451) demeura fidèle à la tradition du christianisme et n’accepta pas de changer la date de Noël.

Mais, en effet, c’est quoi la différence entre le 24 décembre et le 6 ou bien le 7 pour d’autres ? Ce ne sont que des dates qui diffèrent. L’important et le primordial est la foi et la doctrine chrétiennes et non pas les dates. L’important, c’est la tolérance, le respect, l’amour en forme allégorique envers l’autrui et surtout le message de paix que cette religion divine nous apprend.

Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin encore une fois de plus d’introniser, d’implanter dans nos vies ces valeurs presque perdues, dans un monde qui se démunit du moral et qui s’éloigne à outrance des dogmes que la chrétienté nous a appris…

24 décembre ou 6 janvier nous sommes tous des frères chrétiens. Joyeux Noël.

Abou Dhabi