APRèS LES PROFANATIONS, L’INAUGURATION
par Emilie Rive
L’Humanite, France
24 avril 2006
Histoire . Le memorial dedie aux victimes du genocide armenien et
de tous les genocides et autres crimes contre l’humanite doit etre
inaugure cet après-midi a Lyon.
Un million cinq cent mille morts. Tel est le bilan de l’extermination
des Armeniens par Ataturk entre 1915 et 1917. Ce fut le premier
genocide du XXe siècle, reconnu, en France, par la loi du 29 janvier
2001 et dont le 91e anniversaire doit etre celebre ce 24 avril. Le
contentieux entre Armeniens et Turcs reste très lourd, puisque
le gouvernement d’Ankara ne reconnaît que trois cent a cinq cent
mille morts pour cette periode et refuse toujours categoriquement
la qualification de genocide. Condition pourtant essentielle afin
de pouvoir mettre le pied, comme le desire la Turquie, dans l’Union
europeenne.
Un enjeu local C’est dans ce contexte que le maire de Lyon,
le socialiste Gerard Collomb, et la communaute armenienne ont
decide l’edification d’un memorial dedie, non seulement aux
victimes armeniennes, mais a celles de tous les genocides, en
plein centre-ville, sur la place Antonin-Poncet qui jouxte la place
Bellecour. Memorial qui doit etre inaugure cet après-midi a 16 h 30,
par le maire de Lyon et le president de l’association du memorial
lyonnais des victimes du genocide armenien, Jules Mardirossian.
Mais tout ne s’est pas passe aussi simplement que prevu.
Curieusement, ce n’est pas l’extreme droite turque qui est montee la
première au creneau, mais les riverains, epaules par Marie-Chantal
Debazeille, conseillère municipale UMP et ancien maire d’un autre
arrondissement de la ville. L’histoire de Lyon n’aurait rien a voir
avec l’histoire armenienne, le monument deparerait dans un site
classe au patrimoine mondial de l’UNESCO… Tous les arguments ont
ete utilises, y compris les recours juridiques dont certains sont
encore en cours, pour faire de ce memorial un sujet de polemique
electorale au service du candidat UMP a la mairie de Lyon, l’actuel
ministre des Transports, Dominique Perben.
Deja profane L’extreme droite turque a pris le relais avec une
manifestation le 18 mars, curieusement autorisee par le prefet du
Rhône, et soutenue, sans ambiguïte, par le consul de Turquie. Il y a eu
egalement des profanations, le week-end dernier, dont les inscriptions
proclamaient, en francais et en turc, que le genocide n’existait pas.
Toutes actions qui ont souleve des protestations de la communaute
armenienne, des elus socialistes et communistes et, pour la dernière
en date, du ministre de l’Interieur, Nicolas Sarkozy. Guy Fischer,
vice-president communiste du Senat, et Maurice Charrier, maire de
Vaulx-en-Velin, ont, a cette occasion, precise que leur presence a
l’inauguration serait aussi une condamnation de ces profanations.
Le 18 mai prochain, le groupe parlementaire socialiste va proposer
de completer la loi du 29 janvier 2001, par un texte permettant de
sanctionner la negation du genocide armenien. La proposition emane
des deputes socialistes des Bouches-du-Rhône. Un autre memorial
est, en effet, inaugure aujourd’hui a Marseille, avec le prefet de
region, les presidents socialistes du conseil regional et du conseil
general, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, et le president
de l’Assemblee nationale d’Armenie.
Lire aussi en p. 18 le point de vue commun de deux communistes,
l’un d’origine turque, l’autre d’origine armenienne, sur ce genocide.
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From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress