Agence France Presse
23 avril 2006 dimanche
Lyon: source de polémiques, le mémorial du génocide arménien inauguré
lundi (AVANT-PAPIER)
LYON 23 avr 2006
Le mémorial lyonnais du génocide arménien, objet de vives polémiques
ainsi que d’une rĂ©cente profanation, est inaugurĂ© lundi après-midi,
jour de la commĂ©moration du 91e anniversaire d’un gĂ©nocide reconnu en
janvier 2001 par l’Etat français mais qui reste niĂ© par la Turquie.
Plusieurs milliers de participants sont attendus dans le centre de
Lyon lors de cette manifestation qui fera l’objet de dĂ©pĂ´ts de gerbe
et discours, dont celui d’un responsable de l’Union des Ă©tudiants
juifs de France (UEJF), le mémorial ayant vocation, selon ses
concepteurs, à rendre hommage aux victimes de tous les génocides du
XXe siècle.
Vendredi et samedi, un colloque international sur “les mĂ©moires
partagĂ©es des gĂ©nocides et des crimes contre l’humanitĂ©” est par
ailleurs organisĂ© Ă Lyon, par le collectif d’associations
Reconnaissance.
“Certaines choses nous ont Ă©prouvĂ©s, alors nous sommes heureux
d’arriver Ă l’inauguration”, a dĂ©clarĂ© Ă l’AFP Jules Mardirossian,
prĂ©sident de l’Association pour le mĂ©morial lyonnais du gĂ©nocide
armĂ©nien et du collectif Reconnaissance, au terme d’une construction
ponctuée de polémiques.
La plus vive a Ă©clatĂ© le 18 mars après l’apparition de slogans
nĂ©gationnistes – “Non au mĂ©morial d’un prĂ©tendu gĂ©nocide”, “Il n’y a
jamais eu de gĂ©nocide armĂ©nien” – lors d’une manifestation
pro-turque.
Critiqué pour avoir autorisé le défilé, dont le télescopage avec un
rassemblement anti-CPE avait provoqué des heurts, le préfet du Rhône
avait indiqué que tout autre cortège de ce type serait interdit.
Le 18 avril, la polémique a toutefois rebondi avec la profanation du
mémorial, toujours sur la base de slogans négationnistes.
Outre les représentants de la communauté arménienne, cette
profanation de 5 des 26 stèles du monument a entraîné de vives
condamnations, notamment dans le monde politique, par le PS et le
ministre de l’IntĂ©rieur Nicolas Sarkozy.
Entre-temps, le mémorial, érigé Place Antonin Poncet, dans le IIe
arrondissement, a Ă©galement fait l’objet d’une “guĂ©rilla juridique”,
selon les termes de la mairie centrale, de la part de riverains
opposĂ©s “par esthĂ©tisme” Ă sa construction.
MalgrĂ© une brève suspension des travaux, l’inauguration a nĂ©anmoins
pu être maintenue au 24 avril, date à laquelle une célébration
identique a lieu à Marseille. Selon la fédération euro-arménienne
pour la justice et la démocratie, au moins 500.000 personnes
d’origine armĂ©nienne vivent en France. M. Mardirossian estime que
80.000 Arméniens résident dans la région Rhône-Alpes.
“Si on dĂ©nombre une trentaine de mĂ©moriaux armĂ©niens en France, c’est
sans doute celui de Lyon qui Ă©merge le plus dans l’espace public. Il
est en coeur de ville, dans un lieu très passant”, avance Jules
Mardirossian pour justifier la controverse inédite autour du mémorial
lyonnais.
ConsĂ©quence de cette polĂ©mique, le groupe socialiste Ă l’AssemblĂ©e
nationale a annoncĂ© qu’il allait dĂ©poser une proposition de loi afin
de complĂ©ter la loi du 29 janvier 2001, dans laquelle l’Etat français
reconnaît le génocide arménien mais ne prévoit pas de poursuites pour
propos négationnistes.
De 1915 Ă 1917, les massacres et dĂ©portations d’ArmĂ©niens sous
l’empire Ottoman ont fait 1,5 million de morts, selon les ArmĂ©niens,
entre 300.000 et 500.000, selon Ankara qui rejette catégoriquement la
qualification de génocide.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress