Le Promeneur Du Champ-De-Mars: Le Film

LE PROMENEUR DU CHAMP-DE-MARS: LE FILM
Par Skorecki Louis

Liberation
16 juin 2006

Guediguian est celui qui separe le mauvais cinema (le cinema
naturaliste) du "bon", le cinema antinaturaliste. Pourquoi bon,
pourquoi mauvais? C’est comme ca. Bresson est bon, Renoir est
mauvais. Le resume est rapide (Renoir a aussi ete antinaturaliste),
mais c’est un resume. Guegiguian? Il est la où on ne l’attend pas,
la où etait Renoir, dans la belle chaleur irrealiste du naturalisme
le plus radical. Il est la, c’est tout.

Je tiens le Promeneur du Champ-de-Mars pour le film le plus important
de ces dix dernières annees. Repeter la phrase, juste pour voir.

Guediguian echappe a la petitesse francaise, tout en etant l’honneur du
cinema francais. Le Promeneur… est a mi-chemin de la Dernière Fanfare
(Ford), dont c’est le remake detourne, et de la Bete humaine, dont il
a le naturalisme possede. Que Guediguian n’ait pas ete selectionne
a Cannes n’etonnera que ceux qui croient encore a ce non-evènement
repetitif. Du temps où le cinema etait plus vif, Cannes etait deja la
facade pompeuse des Parisiens en goguette. Repeter que Guediguian a
permis a Jalil Lespert de surpasser Jeffrey Hunter, et a Michel Bouquet
de rivaliser avec Spencer Tracy. Respirer un grand coup. Attendre le
Voyage en Armenie. Fermer les yeux. Respirer encore.

CANAL + DecaLe, 2H40.

–Boundary_(ID_26s0k+6cy8TsQLt50bi3jw)–