Chirac Pour La Reconnaissance Du Genocide Armenien

CHIRAC POUR LA RECONNAISSANCE DU GENOCIDE ARMENIEN
par Damien Roustel

L’Humanite, France
2 octobre 2006

Armenie . À Erevan, le president francais a presente cette demarche
comme la condition de l’integration europeenne de la Turquie.

La visite d’Etat de Jacques Chirac en Armenie samedi et dimanche, la
première d’un president francais dans ce pays independant depuis 1991,
fera date pour les Armeniens. Le chef d’Etat francais a clairement
pris parti pour ses hôtes en conditionnant l’entree de la Turquie dans
l’Union europeenne a la reconnaissance du genocide armenien de 1915.

À la question "Faut-il que la Turquie reconnaisse le genocide armenien
pour entrer dans l’Union ? ", posee par un journaliste lors d’une
conference de presse, Jacques Chirac a repondu : " Honnetement, je
le crois ". "Tout pays se grandit en reconnaissant ses drames et ses
erreurs ", a-t-il ajoute, prenant l’exemple de l’Allemagne et de la
Shoah. " Quand de surcroît il s’agit de s’integrer dans un ensemble qui
revendique l’appartenance a une meme societe et la croyance en de memes
valeurs, je pense qu’effectivement la Turquie serait bien inspiree,
au regard de son histoire, de sa tradition profonde, de sa culture
qui est aussi une culture humaniste, d’en tirer les consequences ",
a-t-il poursuivi.

C’est la première fois que la France, le seul pays au monde a avoir
vote une loi reconnaissant le genocide armenien, etablit un lien
aussi direct entre le genocide armenien et la candidature turque.

L’Union europeenne n’a jamais voulu en faire une condition prealable.

Le gouvernement turc refuse le terme de " genocide " et conteste le
nombre des victimes massacres par les Ottomans entre 1915 et 1917.

Selon les Armeniens, près d’un million et demi des leurs aurait
ete tue.

Par ailleurs, Jacques Chirac a juge que l’amendement socialiste visant
a sanctionner la negation du genocide armenien n’etait pas utile dans
la mesure où la loi condamne deja la discrimination et les appels a
la haine ou a la violence raciale. Cet amendement doit etre examine
par l’Assemblee nationale le 12 octobre. Il a egalement evoque avec
son homologue armenien l’epineuse question du Haut-Karabakh, cette
enclave armenienne situee sur le territoire de l’Azerbaïdjan. Les deux
presidents ont renouvele leur confiance au groupe de Minsk (France,
Etats-Unis, Russie) pour trouver une solution.

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