CHIRAC " REGRETTE " LE VOTE DES DEPUTES SUR LE GENOCIDE ARMENIEN
Le Figaro
16 octobre 2006
JACQUES CHIRAC s’est entretenu avec le premier ministre turc pour
lui rappeler sa position concernant le genocide armenien, avec a la
fois le necessaire devoir de memoire turc et l’inutilite de la loi
votee par les deputes francais. À Ankara, le premier ministre turc a
confirme avoir recu un appel telephonique du president francais, dans
lequel celui-ci aurait deplore le vote en première lecture, jeudi a
l’Assemblee nationale, de la proposition de loi socialiste penalisant
le deni du genocide armenien. " M. Chirac m’a fait part de ses regrets
et indique qu’il me donnait raison " quant a la forte reaction de la
Turquie après le vote du texte, a-t-il dit lors d’un dîner de rupture
de jeûne pour le ramadan a Edirne, dans le nord-ouest du pays.
Le president francais a souligne qu’ " il fera tout ce qu’il peut dans
le processus prochain " , a ajoute le chef du gouvernement turc, cite
par l’agence Anatolie. Sans confirmer ces propos, l’Elysee a souligne
que le president francais a repete a M. Erdogan les declarations
qu’il a faites lors de sa recente visite en Armenie.
Interroge a Erevan, le 30 septembre, sur la proposition de loi des
socialistes francais visant a penaliser la negation de ce genocide,
le chef de l’Etat avait rappele que la France avait " pleinement
reconnu la tragedie du genocide ". " Elle l’a officiellement reconnu
de par la loi ", avait souligne M. Chirac. " Le reste relève plus,
aujourd’hui, de la polemique que de la realite juridique. " Comme on
lui demandait, lors du meme voyage, si la Turquie devait reconnaître
le genocide armenien pour entrer dans l’Union, il avait repondu :
"Honnetement, je le crois. Tout pays se grandit en reconnaissant ses
drames et ses erreurs. " Apaisement des consommateurs En Turquie,
l’appel telephonique de Jacques Chirac a Recep Tayyip Erdogan
a ete percu comme un signe d’apaisement et les consommateurs ont
ete invites a temperer leur reaction contre la France. Après les
sentiments d’hostilite suscites dans un premier temps, l’ambiance
etait un peu plus en faveur d’une approche rationnelle quant aux
represailles contre les produits francais. " Il faut très bien fixer
la dose du boycott des biens francais ", a estime le vice-president
de la puissante Union des chambres de commerce et Bourses de Turquie
(TOBB), Huseyin Uzulmez. " Il ne faut pas exagerer dans la reaction " ,
a-t-il dit, exhortant les consommateurs a " agir avec raison ", selon
l’agence Anatolie. La Turquie est un gros marche pour la France. Les
echanges se sont chiffres l’an dernier a 8,2 milliards d’euros. Une
reunion du comite de gestion de l’organisme officiel pour les achats
d’armement est prevue demain a Ankara et le sort d’Eurocopter, qui
est en lice pour un contrat de 52 helicoptères militaires et civils,
pourrait etre connu.
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