Le Musee Armenien A Paris Entrouvre Ses Portes

LE MUSEE ARMENIEN A PARIS ENTROUVRE SES PORTES

Le Figaro, France
12 mars 2007

FREDERIC FRINGHIAN est un Armenien de la deuxième generation, un "
Francais d’Armenie " , comme quelque 450 000 autres descendants de
la grande vague de refugies de 1917. À Paris, au rez-de-chaussee du
Musee d’Ennery, dans le cadre delicat d’un hôtel Second Empire, deux
salles donnant sur un petit jardin constituent son musee, celui que
son père Nourhan Fringhian, " Armenien d’Iran vivant a Constantinople
! " avait cree, en 1949, avec quatre ou cinq autres familles cossues
de collectionneurs d’art, emigrees, comme lui. " J’ai ete eleve
dans l’integration , dit-il, mais mon père a voulu que la memoire de
l’Armenie survive et qu’elle se perpetue dans l’avenir. Car, en 1949,
rappelez-vous, l’avenir n’etait pas encourageant.

Le petit Etat armenien etait derrière le rideau de fer et nous n’etions
pas certains de pouvoir y retourner. " C’est Vincent Auriol, alors
president de la Republique, qui accorde a Frederic Fringhian et a ses
amis le rez-de-chaussee du Musee d’Ennery. Le Musee armenien prend le
statut de fondation, mais subit les vicissitudes de son hôte. D’Ennery
ferme pour des raisons de securite, il doit egalement fermer ses
portes. L’Annee de l’Armenie a fourni a Frederic Fringhian une occasion
de le rouvrir pour deux mois et, avec l’aide d’une historienne de
l’art armenienne, Edda Vardalian, chercheur au Musee des manuscrits
anciens d’Erevan, de monter un petit bijou d’exposition, a partir
des vastes reserves (500 pièces) qui dormaient avenue Foch. " J’ai
choisi les pièces non par ordre chronologique mais pour leur valeur
d’usage " , explique-t-elle. Bien evidemment, c’est l’art religieux
qui domine. Les vetements liturgiques, les lourds cols de chasuble et
tiares en velours rouge orne de scènes en argent dore, les reliures de
manuscrits en argent ou en vermeil datent en general du XVII e et du
XVIII e siècle. On remarquera un très beau tau de houlette en ivoire a
deux tetes de canard, tete d’une canne patriarcale et d’etranges petits
oeufs de porcelaine peints, supports de lampes d’eglise. Un minuscule
psautier Les manuscrits, eux, sont souvent plus anciens et dignes de
ceux presentes au Louvre ou a la Bibliothèque nationale. Un recueil
de chants liturgiques (XIV e siècle), un synaxaire (martyrologe), un
minuscule psautier du XVII e siècle. Et, l’imprimerie arrivant très
tard en Armenie, pas avant le XVIII e siècle, une etonnante grammaire
armenienne d’Erzouroum (aujourd’hui en Turquie), datee de 1826, et
basee sur des references religieuses. Une belle vitrine est consacree
a la ceramique de Kutahya et de Sivas, avec des petits relents du
style d’Iznik, auquel les Armeniens ont ajoute une couleur, la leur,
le jaune. Outre des belles armes et des ceintures d’argent ciselees,
des pièces de monnaie parthes du II e siècle av.

J.-C., des monnaies ciliciennes de l’Armenie de Cilicie, du
XII e au XIV e siècle, le musee s’est d’emblee voulu " moderne
". C’est pourquoi la deuxième salle comporte une très belle serie de
peintures d’Aïvazovski, le peintre des marines, des natures mortes
de Zakar Zackarian, sombres et dramatiques, deux delicats pastels de
Chahine et une serie très montmartroise de ses scènes de Paris où le
peintre rejoint parfois Toulouse-Lautrec. Enfin, vous ne manquerez
pas la merveilleuse terre cuite d’Hagop Gourdjian, une Salome Art
deco si ardente, si fière et si sensuelle. Cette parenthèse dans
un long oubli a donne des ailes a Frederic Fringhian qui cherche
maintenant a perenniser ce musee dans un autre local, plus vaste,
sorte de " centre culturel de l’Armenie d’hier et de demain " ,
avec bibliothèque, expositions contemporaines, agence de voyage,
restaurant… " Les Chemins de l’Armenie " jusqu’au 22 avril. 59,
avenue Foch. 75016 Paris. Entree libre. Tel. : 06 79 94 74 89.

–Boundary_(ID_alFFMLhdP+Vhp02PaXJnKw)–

From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress

Emil Lazarian

“I should like to see any power of the world destroy this race, this small tribe of unimportant people, whose wars have all been fought and lost, whose structures have crumbled, literature is unread, music is unheard, and prayers are no more answered. Go ahead, destroy Armenia . See if you can do it. Send them into the desert without bread or water. Burn their homes and churches. Then see if they will not laugh, sing and pray again. For when two of them meet anywhere in the world, see if they will not create a New Armenia.” - WS