Davutoglu : Nous avons bien géré le 24 avril
TURQUIE
samedi8 mai 2010, par Stéphane/armenews
Un article intitulé ` les Protocoles vivants ‘ par le commentateur
conservateur Taha Akyol le 6 mai 2010 dans le journal Milliyet rend
compte d’une conversation avec le Ministre turc des Affaires
Etrangères Ahmet Davutoglu en voyage vers Kiev. Dans la conversation,
Ahmet Davutoglu suggère que les protocoles avec l’Arménie ne sont pas
morts et que ` une calme diplomatie ‘ est en cours. L’article fait
aussi des remarques sur `l’ouverture’ vers des arméno-turcs vivant à
l’étranger. Ci-dessous une traduction de l’article, qui fait la
lumière sur les protocoles et les liens de la Turquie avec
l’Azerbaïdjan.
Nous volons vers la capitale ukrainienne, Kiev, avec le Ministre des
Affaires Etrangères Ahmet Davutoglu. Demain, nous irons en Crimée, la
patrie de grand Ismail Gaspirali [ politicien tartar du 19 ème
siècle]. En vol, je demande à Davutoglu si les protocoles [avec
l’Arménie] sont morts. Il répond "Non".
Sont-ils gelés ?
` Vous pouvez le dire. Cela dépend comment vous le regardez. Si vous
analysez le processus, nos relations avec l’Arménie sont meilleures
qu’elles l’étaient il y a un an. Nos relations avec l’Azerbaïdjan sont
aussi meilleures. Cela signifie que la rivière n’est pas gelée ; elle
coule. ‘
Il y a apparemment une tacite ` entente à trois voies. ‘ Ankara, Bakou
et Erevan conduisent évidemment une calme diplomatie durant " quelques
mois ; ils ne publieront pas de déclarations qui peuvent faire des
vagues dans l’opinion s publique.
Alors quoi ? Alors ` des pas positifs ‘ seront pris, à la fois en ce
qui concerne les protocoles et les problèmes du Caucase.
Je demande : ` Avez-vous vraiment été assis à la table de négotiations
avec l’Arménie sans mentionner le problème du Karabakh ? ‘
Ahmet Davutoglu raconte une conversation qu’il a eu une fois avec Onur
Oymen du parti du Peuple Républicain [le vice-président général].
Davutoglu a apparemment demandé à Oymen : ` vous avez travaillé au
Ministère turc des Affaires Etrangères pendant plusieurs années.
Croyez-vous que notre ministère des Affaires Etrangères se serait
assis à la table de négotiations sans mentionner le Karabakh ou les
événements de 1915 ? ‘
Oymen a répondu "Non".
J’obtiens une réponse qu’à la fois l’occupation arménienne [du
Nagorno-Karabakh] et la question d’histoire ont été discutées pendant
les pourparlers en Suisse et que, en outre, ces discussions ont tourné
dans les dossiers des négociations.
Alors pourquoi n’ont-ils pas été inclus dans les protocoles ?
Après quelques commentaires à condition qu’ils ne soient pas ` publiés
‘ Ahmet Davutoglu rappelle le concept de ` l’ambiguïté constructive ‘
dans la diplomatie. Le but `d’ambiguïté’ dans le texte [des
protocoles] était d’assurer que le processus avance ; les progrès
interviendraient plus tard dans des pas.
En effet, comme je l’ai écrit plusieurs fois dans le passé, les
protocoles incluent des principes généraux qui peuvent fournir des
conseils à la fois sur le problème du Karabakh et la discussion
historique.
L’Azerbaïdjan s’est inquiété que la Turquie aurait pû vendre le
Karabakh pour contrer le 24 avril. Au contraire, l’Arménie a espéré
que la Turquie paniquerait si elle se retirait des protocoles et
ferait approuver les protocoles par l’Assemblée nationale en hte pour
empêcher Obama de dire `le génocide’ le 24 avril – sans prendre un
simple pas sur la résolution du problème du Karabakh. Elle a espéré
que l’échec de la Turquie à faire approuver les protocoles dans son
Parlement tendrait ses relations avec les Etats-Unis.
Rien de cela n’est arrivé.
Ahmet Davutoglu a dit directement que ` nous nous sommes bien
débrouillés le 24 avril. ‘
En effet, chacun a vu ` ce qui ne peut pas arriver. ‘ Maintenant ` la
calme diplomatie ‘ est en cours sur une base plus réaliste.
Ahmet Davutoglu est tout à fait optimiste qu’il y aura des événements
positifs liés aux protocoles ` dans les prochains mois. ‘ Il nous
informe aussi qu’un accord énergétique sera signé avec l’Azerbaïdjan :
` Je ne vous donnerai pas une date, mais le Premier ministre ira à
Bakou et signera l’accord. Nous avons une confiance complète entre
nous sur chaque question. ‘
Tout ceci arrivera-t-il s’il n’y a aucune espérance quant aux
développements au Karabakh ?
Le Professeur Daron Acemoglu, un arménien de Turquie, vit aux
Etats-Unis. C’est un économiste de 60 ans qui est un candidat
potentiel au Nobel. Quand Davutoglu ira aux Etats-Unis de nouveau, il
rencontrera Acemoglu et l’invitera en Turquie. Des contacts initiaux
ont déjà été pris.
Davutoglu décrit ` les principes généraux ‘ avec le raisonnement `d’un
théoricien’ :
` Les arméniens qui ont émigré de la République de la Turquie vers
d’autres pays sont la diaspora `turque’ pas la diaspora `Arménienne’.
‘ Nous ne mettrons pas tous les membres de la diaspora arménienne dans
le même panier. Nous établirons un dialogue basé sur leur position. ‘