DISCOURS DE M. SERGE SARKISSIAN AU CONSEIL DE L’EUROPE
Stephane
armenews.com
jeudi 23 juin 2011
M. SARKISSIAN, President de l’Armenie* – Monsieur le President,
Monsieur le Secretaire General, Mesdames et Messieurs les membres
de l’Assemblee, je souhaite commencer par vous faire part de ma
gratitude pour le rôle essentiel qu’a joue le Conseil de l’Europe dans
le processus visant a enraciner la democratie en Armenie. C’est un
veritable honneur que d’avoir aujourd’hui la possibilite de m’adresser
a vous.
Il y a vingt ans, au mois de septembre 1991, l’Armenie a proclame
son independance, realisant ainsi le reve de nombreuses generations
d’Armeniens d’appartenir a un Etat souverain. En 2001, l’Armenie est
devenu membre du Conseil de l’Europe, reaffirmant ainsi son heritage
historique et culturel commun avec les pays europeens. Aujourd’hui,
je me souviens avec fierte de ces grandes etapes que nous avons
franchies et des realisations de notre peuple au cours des deux
dernières decennies.
Parce que l’Armenie a fait l’experience de plusieurs regimes
d’oppression, notre peuple connaît bien le prix de la liberte. Notre
histoire est faite de luttes. Pendant des siècles, nous avons reve
de liberte et de paix. Nous sommes aujourd’hui sur le point de
voir enfin realise notre reve. Le peuple armenien a fait un choix
historique et irreversible, et nous nous rapprochons de l’Europe
de manière naturelle. Certes, nous avons connu des obstacles, tels
que le blocus illegal impose par nos deux voisins, mais malgre les
difficultes, notre nation poursuit son chemin. Elle sait où elle
va. Elle a choisi de revenir au sein de la civilisation europeenne,
a laquelle nous avons appartenu pendant des siècles.
Le Conseil de l’Europe incarne un système commun de valeurs. Sa mission
s’etend a l’ensemble du continent. L’Europe ne se definit pas seulement
en termes geographiques, mais aussi comme une plateforme culturelle,
autour de valeurs et d’identites communes.
Mon peuple a paye trop cher, au cours de son histoire, le droit
de servir ses valeurs et ses idees, des valeurs qui, a une certaine
epoque, n’etaient pas celles de la region. Nous avons donc ete reduits
au silence de la facon la plus brutale qui soit. Le Conseil de l’Europe
represente pour nous la promesse que de tels evenements ne pourront
jamais se repeter sur le continent europeen.
Ces deux dernières decennies, le Conseil de l’Europe a ete un
partenaire essentiel pour l’Armenie, qui etait dans un processus
de renforcement de sa democratie. On dit d’ailleurs souvent dans
mon pays que notre système politique se compose du gouvernement, de
l’opposition et…du Conseil de l’Europe. Cette plaisanterie montre
bien l’implication du Conseil dans notre histoire.
En 2008, l’Armenie a connu les graves problèmes que l’on sait. Les
mesures prises par le gouvernement en vue de surmonter les evenements
tragiques de mars 2008 ont fait l’objet de discussions approfondies,
y compris avec nos partenaires du Conseil de l’Europe. Des divergences
sont parfois apparues, mais au total nous avons grandement beneficie
de ce dialogue constructif. Sans lui, nous n’aurions pas pu
poursuivre. Permettez-moi a ce propos de remercier M. Prescott, M.
Colombier et M. Fischer, rapporteurs pour l’Armenie, ainsi que le
Commissaire aux droits de l’homme, M. Hammarberg, pour leur engagement
constant a nos côtes.
Le Gouvernement armenien croit en la voie democratique et n’a aucun
doute sur le fait qu’elle est la seule possible. Meme aux pires
moments de la crise politique, nous n’avons jamais doute de notre
avenir democratique. Cette conviction sous-tend les mesures qui ont
ete prises ces trois dernières annees, et plus encore ces derniers
mois. Nous voulons promouvoir un environnement politique sain. Cette
determination guide toutes nos reformes structurelles.
Nous apprenons a ecouter et a respecter le point de vue des autres.
Nous comprenons peu a peu que le gouvernement et l’opposition ne sont
pas des ennemis. Nous comprenons que l’on n’est pas le plus fort parce
que l’on reussit a eliminer l’autre. Nous apprenons la tolerance et
le dialogue. Nous apprenons a ne pas repondre par des insultes a des
insultes. Nous apprenons a consulter davantage de parties prenantes
sur des questions-cles. Nous apprenons a respecter les realisations
des dirigeants precedents, a ecouter les critiques constructives,
a reexaminer nos decisions…En tant que representants de pays dotes
de traditions democratiques profondement enracinees dans le passe,
vous pouvez trouver que toutes ces attitudes coulent de source, mais
sachez qu’en realite tout cela fait l’objet d’un apprentissage qui
exige des efforts et de la perseverance.
Nous sommes très fiers de ce que nous avons deja realise. En deux
decennies, l’Armenie s’est transformee. Depuis la proclamation de
l’independance, et depuis les amendements constitutionnels de 2005,
beaucoup a ete fait pour renforcer la democratie, l’Etat de droit et
la protection des droits humains. L’Armenie s’est alignee, de facon
irreversible, sur les valeurs du monde libre et democratique. Nous
avons beneficie pour ce faire de differentes aides institutionnelles,
des conseils de la Commission de Venise, de l’OSCE et de la Commission
europeenne. Les decisions de la Cour europeenne des droits de l’homme
ont egalement un très grand impact sur nous.
La crise politique de 2008 a revele les faiblesses de notre cadre
juridique et nous a en fait amenes a trouver un nouvel elan. C’est
ainsi qu’une reforme fondamentale de la police est en cours et que
nous elaborons un plan 2012-2014 pour la justice, le but etant de
garantir l’independance du pouvoir judiciaire. Nous avons modifie
les articles du code penal relatifs aux desordres de masse et a la
prise du pouvoir par la force. Nous avons revu la legislation sur
la liberte de se reunir en partant d’une philosophie totalement
differente de celle du passe : nous partons du principe qu’il faut
faciliter l’exercice de ce droit plutôt que le restreindre.
Nous procedons a un examen complet de la legislation en vue de
diminuer la bureaucratie et d’eliminer les risques de corruption. Un
Conseil de lutte contre la corruption ainsi qu’une commission de suivi
anti-corruption ont ete crees et fonctionnent de manière efficace. Une
loi sur le service public exige desormais que 600 fonctionnaires
de haut niveau rendent publics leur patrimoine et leurs revenus. La
loi impose aussi de reveler tout risque de conflit d’interet. En ce
moment, nous essayons d’ameliorer la legislation sur la radio et la
television. Nous avons depenalise la diffamation, ce qui a represente
une etape importante pour la liberte d’expression.
Notre equipe a travaille avec un groupe de conseillers de l’Union
europeenne a l’elaboration d’une strategie de reformes pour les
trois annees a venir, dans un esprit d’harmonisation et de mise en
coherence des differents changements en cours. Nous sommes determines a
poursuivre les reformes, y compris celles qui seraient douloureuses,
car nous sommes bien conscients que l’Armenie ne pourra pas se
developper sans cela.
Le peuple armenien est un acteur majeur des progrès de notre pays et
je suis très fier de la maturite dont il fait preuve. Il veille, dans
sa diversite, a la consolidation de la democratie, a la promotion des
droits humains et au renforcement de l’Etat de droit. La prochaine
etape dans cette voie aura lieu au printemps prochain, lors des
elections legislatives. Le Gouvernement armenien veut des elections
libres et equitables. Il ne suffit pas de le dire, il faut encore
qu’elles soient bien percues comme telles. L’adoption recente d’un
nouveau code electoral devrait y contribuer.
Ce nouveau code a ete elabore a partir de tous les rapports pertinents
issus des missions d’observation. Il permettra non seulement
d’organiser des elections libres et equitables, mais de s’assurer
que la societe tout entière en accepte les resultats.
Le gouvernement armenien fera tout pour que les elections respectent
la Constitution et la legislation, ainsi que nos engagements
internationaux. Nous sommes reconnaissants au Conseil de l’Europe
de son appui continu et de ses conseils. Dans ce domaine essentiel,
nous coopererons avec toutes les institutions de la societe civile
dans notre pays. Mais nous sommes egalement tout disposes a recevoir
l’appui et les conseils de nos partenaires internationaux, a faire
usage de tous les mecanismes existants et a tout mettre en ~uvre
pour favoriser un suivi national et international des elections. Plus
important encore, celles-ci devraient se derouler dans un climat de
confiance, ce qui nous permettra de developper encore davantage ce
que nous avons deja reussi a faire.
Il ne s’agit pas d’emprunter des raccourcis pour construire notre
democratie. Nous n’attendons pas les compliments de la communaute
internationale ; nous ne cherchons pas a prouver a d’autres que la
voie que nous avons choisie est infaillible. Pour nous, un echec ne
saurait resulter de limites objectives, telles que le conflit non
resolu ou l’incapacite de nos voisins a normaliser leurs relations
avec nous. Je reste confiant : ce que nous allons faire aujourd’hui
durera. Toutefois, nous attendons du Conseil et de l’Assemblee qu’ils
fassent preuve de credibilite politique en evaluant les Etats membres
selon des règles equitables et coherentes.
Mesdames et Messieurs, le règlement pacifique et juste du conflit du
Haut-Karabakh demeure la question la plus importante pour nous. Des
negociations sont en cours dans le cadre du Groupe de Minsk de
l’Organisation pour la securite et la cooperation en Europe. Nous
sommes reconnaissants aux Etats copresidents des efforts qu’ils
deploient. Leurs presidents se sont engages personnellement dans
le processus de règlement, ce qui est très important et nous donne
grand espoir.
Je pense que vous serez d’accord pour dire que c’est en promouvant
la tolerance que le Conseil de l’Europe contribuerait le mieux a ce
processus. Car nous notons avec inquietude que le terreau du racisme
et de la xenophobie perdure sur le territoire du Conseil de l’Europe.
La Commission europeenne contre le racisme et l’intolerance a recemment
confirme dans son rapport sur l’Azerbaïdjan que l’armenophobie
et le racisme y sont très developpes. Nous le regrettons, car il
est difficile d’imaginer une telle situation dans un Etat membre du
Conseil de l’Europe. Nous savons que l’intolerance est un poison pour
la societe. Cela nous preoccupe aussi parce que l’Azerbaïdjan est
notre voisin, parce que le conflit du Haut-Karabakh n’est toujours
pas resolu et parce qu’il est a nos yeux essentiel de progresser vers
sa resolution.
Dans deux jours aura lieu une reunion trilaterale entre les presidents
de la Russie, de l’Armenie et de l’Azerbaïdjan. En preparant
cette reunion, les Etats copresidents ont deploye tous les efforts
necessaires pour definir les principes fondamentaux auxquels devra
obeir le règlement de ce conflit : celui-ci devra passer par des
concessions mutuelles. Mais il nous serait extremement difficile de
persuader la societe, en Armenie ou dans le Haut-Karabakh, de faire
des concessions a un pays où règne une telle intolerance, un tel
racisme vis-a-vis des Armeniens.
Dans ce contexte, parce que nous considerons que la stabilite et le
developpement de la region sont essentiels pour assurer l’avenir des
generations futures qui grandiront en Armenie, dans le Haut-Karabakh
et en Azerbaïdjan, et afin de manifester notre bonne volonte et notre
approche constructive du problème, nous nous sommes rendus a Kazan.
Mais nous avons compris que nous ne pourrons parvenir a un accord
efficace que lorsque l’armenophobie et le racisme auront disparu en
Azerbaïdjan et qu’un climat de confiance prevaudra. Bien entendu,
on pourrait se poser la question du droit du peuple du Haut-Karabakh
a vivre librement et en securite sur son territoire et a etre maître
de sa destinee.
En la matière, que peut-on attendre du Conseil de l’Europe ?
D’abord, il ne doit pas entraver le processus. Or des debats mal
informes pourraient, a court terme, empecher les pays concernes de
parvenir aux solutions durables sur lesquelles les pourparlers de paix
menes dans le cadre du Groupe de Minsk de l’OSCE pourraient deboucher.
Je suis persuade que la grande majorite de nos collègues de l’Assemblee
parlementaire du Conseil de l’Europe qui ont fait ou qui feront part de
leur desir de discuter de toute question relative au Haut-Karabakh sont
de bonne volonte. Cela etant, il est possible que certains continuent
de se fonder sur des informations inexactes, ce qui peut veritablement
saper le processus en cours. Je vous demande donc instamment a tous
de faire preuve de retenue.
Pouvez-vous nous aider ? Certainement. Car, de quelque manière que
l’on se represente le règlement final du conflit, une chose est sûre
: le Haut-Karabakh a ete et demeure une partie de l’Europe, meme
si cela n’est pas reconnu. Mesure-t-on aujourd’hui que la societe
du Haut-Karabakh fait partie de la societe europeenne, qu’elle
est partie integrante de la famille europeenne, quel que soit son
statut de jure ? Le moment n’est-il donc pas venu, pour le Conseil
de l’Europe, de parler directement au Haut-Karabakh, notamment en
ce qui concerne la protection et la promotion des droits de l’homme,
la formation d’une societe civile, la democratie et la tolerance ? Ne
serait-il pas plus logique que le Conseil de l’Europe se tourne vers
le Haut-Karabakh avant de discuter de questions qui le concernent,
afin que le peuple du Haut-Karabakh prenne part a ces discussions ?
Mes chers collègues, la chute du mur de Berlin a prefigure la fin des
lignes de clivage en Europe. Helas, vingt ans plus tard, notre region
attend encore que les lignes de clivage residuelles s’effacent. Il
y a deux ans, nous avons ouvert un processus de normalisation des
relations entre l’Armenie et la Turquie, qui aurait dû permettre,
grâce a l’etablissement de relations diplomatiques et a l’ouverture
d’une frontière entre les deux Etats, de surmonter progressivement
une division vieille de plus d’un siècle.
Tout au long de ce processus, nous avons ete très satisfaits de l’appui
permanent apporte non seulement par les Etats mediateurs, mais aussi
par la communaute internationale dans son ensemble. J’inclus dans ma
reconnaissance de hauts representants du Conseil de l’Europe.
Malheureusement, malgre cet appui, le processus de normalisation entre
l’Armenie et la Turquie a abouti a un blocage. La raison est claire.
La Turquie est revenue a ses pratiques anterieures d’etablissement
de conditions prerequises. Elle n’a pas honore ses engagements ce
qui a rendu impossible la ratification des protocoles signes.
Ayant ete confronte a ce mur de deception et de mefiance, je ne saurai
predire quand nous pourrons rouvrir une fenetre nous permettant de
saisir une nouvelle chance. Je regrette d’avoir a le dire, mais c’est
la realite.
Il convient de souligner que c’est l’Armenie qui a lance ce processus
avec de bonnes intentions, fidèle a cet imperatif du XXIe siècle de
coexistence pacifique des nations et des peuples. L’autre partie a la
negociation, la Turquie, ne reconnaît toujours pas cet imperatif. Elle
s’est engagee dans un deni brutal du genocide des Armeniens perpetre
au sein de l’empire ottoman en 1915.
Dans l’intervalle, de par le monde, les Armeniens sont dans l’attente
d’une reponse adequate. Nos efforts visent sans relâche a des prises
de position contre ces crimes contre l’egalite. Nous esperons que ces
efforts resteront concentres sur une reconnaissance internationale
du genocide armenien.
Nous sommes resolus a ne pas laisser ce problème en suspens pour les
generations a venir. La normalisation des relations entre l’Armenie
et la Turquie est importante non seulement pour les Armeniens et les
Turcs mais egalement pour toute la region et l’Europe tout entière.
Cela permettra l’emergence d’une atmosphère de paix, de stabilite et de
cooperation. Ce blocage illegal de l’Armenie doit arriver a son terme.
Mesdames et messieurs, permettez-moi de conclure en reiterant ma
conviction profonde que nous assisterons a l’emergence d’un avenir
commun fait de comprehension, de paix et de prosperite. C’est ce que
nous souhaitons pour l’Europe. Si c’est une idee, une plate-forme
de valeurs communes, alors ce que je dis devrait valoir pour toute
l’Europe, de l’Atlantique a l’Oural et au-dela, sans divisions ni
clivages.
L’Europe ne peut pas et ne doit pas accepter l’emergence de nouvelles
lignes de clivage tangibles ou intangibles. Le Conseil de l’Europe
doit devenir une enceinte politique de premier plan pour des debats
paneuropeens très complets, pour que des efforts collectifs soient
consentis visant a la promotion de l’unite europeenne. C’est ce
qu’exige cette responsabilite commune que nous avons envers les
generations futures.
LE PRESIDENT* – Merci beaucoup, monsieur M. Sarkissian, pour votre
allocution.
Les membres de notre Assemblee parlementaire souhaitent vous poser des
questions. Je rappelle a mes collègues que ces questions ne doivent
pas durer plus de trente secondes. Il s’agit de poser des questions
et non pas de prononcer des discours.
Le premier intervenant est M. Vareikis, au nom du Groupe du Parti
populaire europeen.
M. VAREIKIS (Lituanie)* – Monsieur le President, dans votre allocution
vous avez evoque l’enquete sur les evenements du mois de mars 2008.
Mais cette enquete n’a pas abouti. Pourquoi n’est-elle pas terminee
trois ans et demi après avoir ete ouverte ? N’avez-vous pas de
personnes competentes pour la mener ? Si c’est le cas, changez
d’equipe. N’avez-vous pas les bases juridiques vous permettant de
mener a bien cette enquete ? Si c’est le cas, changez de bases
juridiques. C’est une question d’honneur pour vous, monsieur le
president.
LE PRESIDENT* – La parole est a M. le President.
M. SARKISSIAN, President de l’Armenie* – L’enquete n’a pas abouti pour
une raison simple : tous les coupables n’ont pas encore ete trouves.
Pourquoi ? Les raisons sont nombreuses. Beaucoup les comprennent et
les connaissent.
Concernant les competences professionnelles de nos enqueteurs,
sachez qu’en Armenie comme dans tous les pays, il existe de bons
professionnels, d’autres de piètre ou de mauvaise qualite. Nous avons
le concours de nos plus grands professionnels. Un très grand travail
a d’ores et deja ete accompli.
Nous avons lance un appel a tous les Etats et a toutes les
organisations internationales pour qu’ils nous apportent leur appui.
J’en profite pour remercier M. le Commissaire Hammarberg, le seul a
avoir deploye des efforts pour nous fournir l’aide d’un expert.
Vous devez savoir que tout recemment, j’ai donne des instructions
au bureau du procureur public, eu egard aux autorites chargees de
l’enquete. Je leur ai demande de mener une enquete complète, poussee,
de cette affaire. J’espère que l’equipe d’enqueteurs saura utiliser
tous les moyens a sa disposition pour mettre en lumière toutes les
infractions commises.
L’enquete est transparente. Les enqueteurs y veillent. Très recemment,
ils ont indique qu’il y aurait deux reunions par mois en presence
des medias et des representants de l’opinion publique. Toutes les
questions pourront trouver des reponses. Si d’ici a l’automne l’enquete
n’a pas abouti, le bureau du procureur general devra a tout le moins,
publier un rapport intermediaire.
LE PRESIDENT* – La parole est a M. Rouquet, au nom du Groupe
socialiste.
M. ROUQUET (France) – Les copresidents du Groupe de Minsk viennent
recemment d’evoquer a l’occasion de leur visite a Bakou et Erevan les
principes de base d’un règlement pacifique global de la situation du
Haut-Karabakh. Cette rencontre semble susciter un sentiment d’optimisme
du Groupe de Minsk et laisser presager des resultats satisfaisants
au sommet de Kazan, le 25 juin prochain.
Monsieur le President, pourriez-vous nous dire si vous partagez
la confiance du Groupe de Minsk quant au règlement pacifique de la
question du Haut-Karabakh, que nous souhaitons tous bien evidemment
ici, comme nous l’avons rappele il y a quelques jours a Paris a
votre ministre des Affaires etrangères, en compagnie de Francois
Rochebloine ?
LE PRESIDENT* – La parole est a M. le President.
M. SARKISSIAN, President de l’Armenie* – Il est difficile de vous
dire en toute confiance que, le 25 juin a Kazan, nous obtiendrons
un resultat positif. C’est bien le Groupe de Minsk qui constitue le
bon format. Il peut intervenir comme mediateur pour la resolution de
ce conflit.
Sans etre sûr a 100 % pour des raisons evidentes, dont j’ai evoque
certaines tout a l’heure dans mon intervention, je me rendrai la-bas
plein d’optimisme, avec le vif souhait qu’il soit possible de trouver
un denominateur commun. L’Armenie et le Haut-Karabakh ont un très grand
interet a la resolution de ce conflit le plus rapidement possible. Elle
doit etre equitable et permettre de mettre en place une paix durable.
Nous travaillons depuis plus d’un an sur les documents qui seront
discutes a Kazan.
De nombreuses reunions ont eu lieu. Si ces documents n’incarnent en
rien le reve armenien, ils nous permettent neanmoins de progresser
vers la conclusion d’un accord general. Si l’on va a ce rendez-vous
dans un esprit constructif et si l’Azerbaïdjan ne presente pas d’autres
propositions, un resultat favorable est envisageable.
LE PRESIDENT* – La parole est a M. Bugnon, au nom de l’Alliance des
democrates et des liberaux pour l’Europe.
M. BUGNON (Suisse) – Ma question concerne la securite de la population
armenienne ainsi que celle des pays de l’est europeen, voire, de
l’Europe en general.
Après Fukushima, nous savons combien les risques lies au nucleaire
sont reels. Or la centrale de Metzamor, de construction ancienne,
est situee dans une region où le risque de tremblements de terre est
important comme en temoigne celui que vous avez connu en 1988. Comment
votre gouvernement juge-t-il la securite de cette centrale et quel est
le risque encouru par les populations concernees par son exploitation ?
LE PRESIDENT – La parole est a M. le President.
M. SARKISSIAN, President de l’Armenie – Parce que l’avis du
gouvernement ne suffit pas a definir avec certitude le niveau de
securite des installations nucleaires, nous avons recu voila deux
semaines la visite d’inspecteurs de l’Agence internationale de
l’energie atomique qui ont emis un jugement plutôt positif quant au
niveau de securite des centrales. Avec le soutien de nos partenaires,
nous avons en effet engage depuis longtemps un travail considerable
afin de le garantir. Il est evident que nous poursuivrons nos
operations sous la supervision de l’Agence tout comme avec les
differentes instances internationales pour faire en sorte que nul
n’encoure de risque serieux.
N’oublions pas, en outre, que d’autres situations très dangereuses
existent – je songe, en particulier, aux achats clandestins d’armements
ou a l’approvisionnement en d’autres ressources energetiques. Mon pays,
quant a lui, n’a pas d’autre solution que de recourir au nucleaire
comme le pensent d’ailleurs les experts internationaux.
LE PRESIDENT – La parole est a M. Parfenov, au nom du Groupe democrate
europeen.
M. PARFENOV (Federation de Russie)* – La question du Haut-Karabakh
est selon nous essentielle pour la stabilite regionale. Qu’est-ce qui
vous paraît essentiel dans les principes du Groupe de Minsk dont vous
vous appretez a rencontrer les copresidents a Kazan ?
LE PRESIDENT – La parole est a M. le President.
M. SARKISSIAN, President de l’Armenie – En 2007, nous avions dit que
les trois principes de Madrid constituaient un cadre solide afin de
parvenir a resoudre durablement et equitablement le conflit : non
recours a la menace ou a l’usage de la force, integrite territoriale
des Etats, droit a l’autodetermination des peuples. Or ces trois
principes ne sont pas interpretes de la meme manière par l’Armenie
et l’Azerbaïdjan.
Dans un passe recent, ce dernier pays, par la voix de son president
et de differentes autorites, a indique qu’il etait pret a plusieurs
options militaires, violant ainsi le premier principe. Parce que
l’Armenie, quant a elle, accepte et acceptera toujours le deuxième
principe, elle n’a jamais fait etat de revendications territoriales
a l’egard de l’Azerbaïdjan ou d’autres pays. Elle ne reconnaît donc
toujours pas l’independance du Haut-Karabakh. Enfin, elle reconnaît
et accepte le troisième principe dont l’application a rendu possible
la naissance de nombreux Etats, quand l’Azerbaïdjan considère
que le droit a l’autodetermination des peuples existe mais qu’il
s’applique dans le seul cas du Haut-Karabakh et dans les limites
de l’integrite territoriale de l’Azerbaïdjan. Il s’agit la d’une
conception fallacieuse de l’autodetermination quand celle-ci doit
bien plutôt conduire les peuples au libre choix de leur destin.
De tels principes ne sont donc pas recuses par toutes les parties
mais ceux qui ne souhaitent pas que le conflit soit resolu cherchent
toutes les excuses possibles. L’Armenie n’a aucune reserve a leur
endroit s’ils permettent de parvenir a la paix.
LE PRESIDENT* – La parole est a M. Petrenco, au nom du Groupe pour
la gauche unitaire europeenne.
M. PETRENCO (Moldova)* – De nombreuses manifestations de violence ayant
entraîne des morts se sont produites lors de votre election, Monsieur
le President. A la suite de la Resolution de 2005, notre Assemblee a
decide de constituer un comite ad hoc sur le Haut-Karabakh dont les
delegues de l’Armenie et de l’Azerbaïdjan devaient faire partie. Or,
sans la presence effective des premiers, ne pensez-vous pas que les
travaux de ce groupe sont inutiles ?
LE PRESIDENT* – La parole est a M. le President.
M. SARKISSIAN, President de l’Armenie* – Je suis tout a fait d’accord
avec vous, sans la participation de la delegation armenienne, les
travaux de ce comite sont inutiles et impossibles. Nous ne savons
pas ce que l’Assemblee attend d’un tel comite.
L’Assemblee joue un rôle très important pour promouvoir la paix
et la stabilite dans notre region. Je suis convaincu que si elle
parvenait, dans cet hemicycle, a faire en sorte que les delegations de
l’Armenie et de l’Azerbaïdjan cessent de s’adresser des reproches,
cela faciliterait la resolution du conflit. Le rapport de 2005
prevoyait des dispositions en ce sens.
C’est la raison pour laquelle le comite avait a l’epoque cesse son
activite, et non pas a cause du decès de son president, Lord Russell
Johnson, comme certains le pretendent.
De quoi devrait parler ce comite pour la resolution du conflit
du Haut-Karabakh ? Car il ne peut pas connaître les details des
pourparlers et n’a pas de memoire historique. Par ailleurs, il me
semble que l’Assemblee n’est pas mandatee pour resoudre ce problème.
Les organisations europeennes ont confie le soin de resoudre ce conflit
a l’OSCE, dans le cadre de la Conference de Minsk. Je ne vois donc
pas a quoi peut servir ce comite.
LE PRESIDENT* – La parole est a M. Kox.
M. KOX* (Pays-Bas) – Je crois que le President a prevu de repondre
a la première question de M. Petrenco.
M. SARKISSIAN, President de l’Armenie* – Pourriez-vous repeter votre
question ?
M. PETRENCO*(Moldova) – Lorsque vous avez ete elu, il regnait une
grande violence dans votre pays. Dix personnes ont ete tuees. Y a-t-il
eu des condamnations ?
LE PRESIDENT* – La parole est a M. le President.
M. SARKISSIAN, President de l’Armenie* – Beaucoup de personnes ont
ete condamnees, dont quatre policiers. J’ai d’ailleurs fourni des
details sur cet evenement tout a l’heure, en repondant a une question,
expliquant pourquoi les enquetes n’ont pas toutes abouti et tous les
crimes n’ont pas ete elucides.
LE PRESIDENT* – M. Fournier n’etant pas la, la parole est a Mme
Postanjyan.
Mme POSTANJYAN* (Armenie) – Monsieur le President, bien que vous ayez
dit que des progrès ont ete realises en Armenie, le pays est gouverne
par un regime autoritaire. Les elections sont truquees depuis 1995.
Entendez-vous mettre en ~uvre un veritable processus de reformes et
adherer a la Cour penale internationale pour permettre de veritables
elections libres et equitables ? Les regimes autoritaires sont voues
a l’echec, il serait donc bon d’engager des reformes.
LE PRESIDENT* – La parole est a M. le President.
M. SARKISSIAN, President de l’Armenie* – Je ne doute pas que vous
ayez une opinion differente de la mienne. Je suis informe très
regulièrement des opinions que vous exprimez librement au Parlement,
dans la rue et les medias. Je respecte votre point de vue, mais je ne
le partage pas. Cependant, nous ecoutons l’opinion de notre opposition.
Vous avez entendu comme moi l’avis de hauts fonctionnaires du Conseil
de l’Europe. Ce qu’ils disent ne coïncide pas avec votre point de vue,
et j’en suis très satisfait.
En Armenie, un veritable processus de reformes est engage. Et nous
avons a maintes reprises demander a tous d’y participer, afin de
faire des recommandations constructives.
Je n’ai pas l’intention d’organiser des elections extraordinaires
en Armenie. Cela n’est pas necessaire. Il serait plus approprie que
vous participiez a nos discussions, que vous contribuiez au processus
de reformes.
Nous avons toujours accepte les missions d’observations internationales
dans notre pays.
Je suis d’accord pour dire qu’il existe, en Armenie, une mefiance a
l’egard des elections. Je l’ai dit dans mon discours, l’organisation
d’elections libres et equitables n’est pas suffisante. Il faut que
le public percoive ces elections comme telles.
LE PRESIDENT* – La parole est a Mme Keaveney.
Mme KEAVENEY (Irlande)* – Monsieur le President, vous avez evoque
la necessite de promouvoir la tolerance et de lutter contre la
xenophobie. Vous savez sans nul doute que l’Assemblee a adopte
en juillet 2009 une resolution visant a lutter contre toutes les
formes d’intolerance et de xenophobie. Que faites-vous en Armenie
pour promouvoir une bonne image de l’autre ? Qu’en est-il de
la collaboration avec le Conseil de l’Europe et du travail très
novateur qu’il a propose ? Un travail plus actif sur ce front ne
se traduirait-il pas par des effets concrets a court et a plus long
termes ?
LE PRESIDENT* – La parole est a M. le President.
M. SARKISSIAN, President de l’Armenie* – Je suis le premier a me
feliciter du travail mene par le Conseil de l’Europe. Le Gouvernement
armenien et la societe armenienne apprennent beaucoup de ce travail.
Nous souhaiterions que notre reponse a l’intolerance ne se voit pas
opposer l’intolerance. Depuis des annees, nous sommes confrontes a
la question du Haut-Karabah. J’ai passe plus de quinze ans au poste
de ministre de la defense ; j’ai donc travaille dans des structures
gouvernementales dès 1993 et, dès 1993 j’ai parle de l’acceptation de
concessions mutuelles. Avez-vous jamais entendu un haut representant
de l’Azerbaïdjan evoquer la necessite de compromis et de concessions
mutuelles ? Ne sommes-nous pas, quant a nous, en ce moment meme,
en train de parler de tolerance, de notre sens des responsabilites
vis-a-vis des generations a venir ?
Je reaffirme que la xenophobie et le racisme sont inacceptables a nos
yeux. La generation des enfants nes en 1993 constitue aujourd’hui le
noyau dur des forces armees d’Armenie et d’Azerbaïdjan. Ceux nes en
Azerbaïdjan ont ete eleves dans un climat d’animosite et d’hostilite.
Dès lors, comment etre credibles et affirmer la necessite d’un
renforcement des capacites sur la ligne de front ? D’aucuns estiment
que ce type d’affrontement est absolument necessaire.
Dans leur declaration commune au G8, a Deauville, les chefs d’Etat ont
declare que les peuples devaient etre prepares a la paix et non a la
guerre. Nous avons ici un bel atout en main, car depuis vingt ans nous
ne preparons pas notre population a la guerre. Je forme le v~u qu’il
n’y ait pas de guerre. L’Azerbaïdjan devrait suivre notre exemple, car
si les hostilites devaient etre declarees, les victimes seraient bien
plus nombreuses pour nous comme pour l’Azerbaïdjan. Souhaitons que les
ressources de nos pays, qui en ont besoin, soient investies dans leur
developpement et ne viennent pas alimenter les operations militaires.
LE PRESIDENT* – Mes chers collègues, il nous faut maintenir conclure
cette seance de questions a M. Sarkissian.
Monsieur le President, au nom de tous les membres de l’Assemblee
parlementaire du Conseil de l’Europe, je vous remercie de votre
allocution et des reponses que vous avez bien voulu apporter aux
questions posees.
En Armenie, un veritable processus de reformes est engage. Et nous
avons a maintes reprises demander a tous d’y participer, afin de
faire des recommandations constructives.
Je n’ai pas l’intention d’organiser des elections extraordinaires
en Armenie. Cela n’est pas necessaire. Il serait plus approprie que
vous participiez a nos discussions, que vous contribuiez au processus
de reformes.
Nous avons toujours accepte les missions d’observations internationales
dans notre pays.
Je suis d’accord pour dire qu’il existe, en Armenie, une mefiance a
l’egard des elections. Je l’ai dit dans mon discours, l’organisation
d’elections libres et equitables n’est pas suffisante. Il faut que
le public percoive ces elections comme telles.
LE PRESIDENT* – La parole est a Mme Keaveney.
Mme KEAVENEY (Irlande)* – Monsieur le President, vous avez evoque
la necessite de promouvoir la tolerance et de lutter contre la
xenophobie. Vous savez sans nul doute que l’Assemblee a adopte
en juillet 2009 une resolution visant a lutter contre toutes les
formes d’intolerance et de xenophobie. Que faites-vous en Armenie
pour promouvoir une bonne image de l’autre ? Qu’en est-il de
la collaboration avec le Conseil de l’Europe et du travail très
novateur qu’il a propose ? Un travail plus actif sur ce front ne
se traduirait-il pas par des effets concrets a court et a plus long
termes ?
LE PRESIDENT* – La parole est a M. le President.
M. SARKISSIAN, President de l’Armenie* – Je suis le premier a me
feliciter du travail mene par le Conseil de l’Europe. Le Gouvernement
armenien et la societe armenienne apprennent beaucoup de ce travail.
Nous souhaiterions que notre reponse a l’intolerance ne se voit pas
opposer l’intolerance. Depuis des annees, nous sommes confrontes a
la question du Haut-Karabah. J’ai passe plus de quinze ans au poste
de ministre de la defense ; j’ai donc travaille dans des structures
gouvernementales dès 1993 et, dès 1993 j’ai parle de l’acceptation de
concessions mutuelles. Avez-vous jamais entendu un haut representant
de l’Azerbaïdjan evoquer la necessite de compromis et de concessions
mutuelles ? Ne sommes-nous pas, quant a nous, en ce moment meme,
en train de parler de tolerance, de notre sens des responsabilites
vis-a-vis des generations a venir ?
Je reaffirme que la xenophobie et le racisme sont inacceptables a nos
yeux. La generation des enfants nes en 1993 constitue aujourd’hui le
noyau dur des forces armees d’Armenie et d’Azerbaïdjan. Ceux nes en
Azerbaïdjan ont ete eleves dans un climat d’animosite et d’hostilite.
Dès lors, comment etre credibles et affirmer la necessite d’un
renforcement des capacites sur la ligne de front ? D’aucuns estiment
que ce type d’affrontement est absolument necessaire.
Dans leur declaration commune au G8, a Deauville, les chefs d’Etat ont
declare que les peuples devaient etre prepares a la paix et non a la
guerre. Nous avons ici un bel atout en main, car depuis vingt ans nous
ne preparons pas notre population a la guerre. Je forme le v~u qu’il
n’y ait pas de guerre. L’Azerbaïdjan devrait suivre notre exemple, car
si les hostilites devaient etre declarees, les victimes seraient bien
plus nombreuses pour nous comme pour l’Azerbaïdjan. Souhaitons que les
ressources de nos pays, qui en ont besoin, soient investies dans leur
developpement et ne viennent pas alimenter les operations militaires.
LE PRESIDENT* – Mes chers collègues, il nous faut maintenir conclure
cette seance de questions a M. Sarkissian.
Monsieur le President, au nom de tous les membres de l’Assemblee
parlementaire du Conseil de l’Europe, je vous remercie de votre
allocution et des reponses que vous avez bien voulu apporter aux
questions posees.
En Armenie, un veritable processus de reformes est engage. Et nous
avons a maintes reprises demander a tous d’y participer, afin de
faire des recommandations constructives.
Je n’ai pas l’intention d’organiser des elections extraordinaires
en Armenie. Cela n’est pas necessaire. Il serait plus approprie que
vous participiez a nos discussions, que vous contribuiez au processus
de reformes.
Nous avons toujours accepte les missions d’observations internationales
dans notre pays.
Je suis d’accord pour dire qu’il existe, en Armenie, une mefiance a
l’egard des elections. Je l’ai dit dans mon discours, l’organisation
d’elections libres et equitables n’est pas suffisante. Il faut que
le public percoive ces elections comme telles.
LE PRESIDENT* – La parole est a Mme Keaveney.
Mme KEAVENEY (Irlande)* – Monsieur le President, vous avez evoque
la necessite de promouvoir la tolerance et de lutter contre la
xenophobie. Vous savez sans nul doute que l’Assemblee a adopte
en juillet 2009 une resolution visant a lutter contre toutes les
formes d’intolerance et de xenophobie. Que faites-vous en Armenie
pour promouvoir une bonne image de l’autre ? Qu’en est-il de
la collaboration avec le Conseil de l’Europe et du travail très
novateur qu’il a propose ? Un travail plus actif sur ce front ne
se traduirait-il pas par des effets concrets a court et a plus long
termes ?
LE PRESIDENT* – La parole est a M. le President.
M. SARKISSIAN, President de l’Armenie* – Je suis le premier a me
feliciter du travail mene par le Conseil de l’Europe. Le Gouvernement
armenien et la societe armenienne apprennent beaucoup de ce travail.
Nous souhaiterions que notre reponse a l’intolerance ne se voit pas
opposer l’intolerance. Depuis des annees, nous sommes confrontes a
la question du Haut-Karabah. J’ai passe plus de quinze ans au poste
de ministre de la defense ; j’ai donc travaille dans des structures
gouvernementales dès 1993 et, dès 1993 j’ai parle de l’acceptation de
concessions mutuelles. Avez-vous jamais entendu un haut representant
de l’Azerbaïdjan evoquer la necessite de compromis et de concessions
mutuelles ? Ne sommes-nous pas, quant a nous, en ce moment meme,
en train de parler de tolerance, de notre sens des responsabilites
vis-a-vis des generations a venir ?
Je reaffirme que la xenophobie et le racisme sont inacceptables a nos
yeux. La generation des enfants nes en 1993 constitue aujourd’hui le
noyau dur des forces armees d’Armenie et d’Azerbaïdjan. Ceux nes en
Azerbaïdjan ont ete eleves dans un climat d’animosite et d’hostilite.
Dès lors, comment etre credibles et affirmer la necessite d’un
renforcement des capacites sur la ligne de front ? D’aucuns estiment
que ce type d’affrontement est absolument necessaire.
Dans leur declaration commune au G8, a Deauville, les chefs d’Etat ont
declare que les peuples devaient etre prepares a la paix et non a la
guerre. Nous avons ici un bel atout en main, car depuis vingt ans nous
ne preparons pas notre population a la guerre. Je forme le v~u qu’il
n’y ait pas de guerre. L’Azerbaïdjan devrait suivre notre exemple, car
si les hostilites devaient etre declarees, les victimes seraient bien
plus nombreuses pour nous comme pour l’Azerbaïdjan. Souhaitons que les
ressources de nos pays, qui en ont besoin, soient investies dans leur
developpement et ne viennent pas alimenter les operations militaires.
LE PRESIDENT* – Mes chers collègues, il nous faut maintenir conclure
cette seance de questions a M. Sarkissian.
Monsieur le President, au nom de tous les membres de l’Assemblee
parlementaire du Conseil de l’Europe, je vous remercie de votre
allocution et des reponses que vous avez bien voulu apporter aux
questions posees.