FEDERATION EURO-ARMENIENNE
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COMMUNIQUE DE PRESSE
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19 avril 2005
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UNE CONFERENCE AU SENAT BELGE PROCLAME LA RECONNAISSANCE DU GENOCIDE
COMME FONDEMENT PREALABLE A LA RECONCILIATION
Bruxelles, Belgique ~V A l’initiative du Sénateur Lionel Vandenberghe
(SPIRIT), le Sénat belge
a accueilli hier dans la maison des parlementaires une conférence sur le
génocide des Arméniens
intitulée « une Reconnaissance pour construire l~RAvenir ». Lors de cette
manifestation, soutenue par
un collectif de onze associations ( ), plusieurs
orateurs se sont exprimés et
notamment des ressortissants de Turquie. On notait la présence d~Run
représentant de la Commission
européenne et de quelques journalistes des médias turcs.
Durant son allocution d~Rintroduction, le Sénateur Vandenberghe a déclaré que
« la reconnaissance du
génocide constituerait un signal fort dans le cadre de la candidature turque
à l~RUnion européenne ».
L~RAmbassadeur d~RArménie au Benelux et auprès de l~RUnion européenne, M.
Vicken Tchitétchian, également
invité, a tenu à préciser qu~Ril était présent « en tant que représentant de
l~RArménie mais aussi en
tant que descendant de victimes du génocide ». Faisant allusion à la
politique négationniste, il a
ajouté que ce n~Rétait pas « une page noire de l~Rhistoire mais une réalité du
présent » et que « la
question de la reconnaissance du génocide est sortie du cadre arméno-turc
pour devenir une question
internationale ».
La Fédération Euro-Arménienne, par la voix de son directeur Laurent
Leylekian, a indiqué que « la
tolérance de l~REurope à la dernière phase du génocide qu~Rest le
négationnisme touche à la construction
européenne et même à la portée que nous octroyons à la notion de Droits de l
~RHomme ». Il a également
remarqué que ne pas exiger de la Turquie la reconnaissance du génocide, « c~R
est aussi faire injure aux
Turcs en laissant croire qu~Rà jamais la Turquie et les Turcs sont voués à l~R
indignité, au déni des droits,
au déni de la démocratie, au non-respect des autres et d~Reux-mêmes. »
En résumé, l~Rensemble des conférenciers s~Rest accordé sur le fait que la
reconnaissance du génocide par
la Turquie était un préalable inconditionnel à tout dialogue et à toute
réconciliation. Ils ont également
mis en exergue la relation directe entre les graves manquements de la
Turquie actuelle en matière de droits
de l~Rhomme et de démocratie, et la politique de déni du génocide des
Arméniens.
Au final, le sénateur Vandenberghe a lu une motion indiquant notamment « qu~R
il ne peut y avoir de paix sans
justice » et demandant que « le gouvernement turc reconnaisse l~Rhistoricité
du génocide ». Cette motion
sera transmise aux médias de Belgique et aux représentants politiques de
Belgique et de l~RUnion européenne.
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ANNEXE 1 ~V VERBATIM
Sénateur Lionel Vandenberghe (Spirit)
Рla reconnaissance du g̩nocide constituerait un signal fort dans le cadre
de la candidature turque
à l~RUnion européenne
РNier un G̩nocide, c~Rest assassiner une seconde fois ses victimes
S.E. M. Vicken Tchitetchian (Ambassadeur de la République d~RArménie au
Benelux et auprès de l~RUnion européenne)
РJe suis ici en tant que repr̩sentant de l~RArm̩nie mais aussi en tant que
descendant de victimes du génocide
Sénateur Pierre Galand (Parti Socialiste)
РBien que le crime de g̩nocide n~Rait ̩t̩ d̩fini qu~Rapr̬s la seconde guerre
mondiale, le terme s~Rapplique aujourd~Rhui légalement aux massacres et à la
déportation des Arméniens de Turquie
– De la reconnaissance, on peut alors passer à la réconciliation. Plusieurs
critères doivent être remplis
si l~Ron veut que la réconciliation soit efficace :
· Acceptation de la vérité
· Réhabilitation des victimes
· Jugement des responsables
· Prévention
Sénateur Alain Destexhe (Mouvement réformateur)
РJe regrette profond̩ment que la reconnaissance du g̩nocide n~Rait pas ̩t̩
une condition de l~Rouverture
des négociations avec la Turquie
РRien de solide ne peut se construire sans l~Racceptation du pass̩
– Les milieux officiels turcs ressassent deux arguments : il n~Ry a jamais eu
d~Rordre écrit d~Rextermination
et les Arméniens de Smyrne et de Constantinople n~Ront pas été touché. On
trouve les mêmes arguments
négationnistes pour le Génocide des Juifs. C~Rest une tentative de
relativisation, de mise en perspective,
c~Rest inacceptable.
M. Willy Kuijpers (Bourgmestre de Herent)
РEn Turquie, sur les montagnes, on voit ̩crit avec des grosses pierres que
« le soleil ne peut pas brûler un Turc »
et qu~Run « seul Turc vaut plus que 100 non-Turcs »
– Il est inconcevable que le peuple turc puisse entrer en Europe sans une
conciliation avec les neuf autres
peuples présents en Turquie
M. Raymond Kévorkian (Historien, Conservateur de la bibliothèque Nubar
Pacha ~V Paris)
РDes cartes ethnographiques retrouv̩es dans les archives du Premier
ministre en Turquie montrent que dès 1914
apparaît un projet d~Rhomogénéisation ethnique de l~RAnatolie
РL~Rhomog̩n̩isation, c~R̩tait aussi la nationalisation des biens des
Arméniens
M. Laurent Leylekian (Directeur de la Fédération Euro-Arménienne –
Bruxelles)
РCe furent les m̻mes qui d̩fendirent la nation arm̩nienne, qui prirent la
défense du colonel Dreyfus et qui
fondèrent les premières ligues des Droits de l~RHomme. Pour ces esprits
éclairés, Dreyfus était un individu menacé
dans sa dignité et dans sa vie parce que Juif quand le peuple arménien était
menacé d~Rextermination parce qu~Rarménien.
РDans le projet politique des Jeunes-Turcs, que les K̩malistes reprirent en
grande partie à leur compte, les
peuples non-Turcs de l~Rempire n~Ravait qu~Rune alternative : s~Rassimiler ou
disparaître.
РLes intellectuels et les responsables politiques qui firent le vingti̬me
siècle avait ainsi parfaitement perçu
la contradiction flagrante du projet de la Turquie dite moderne, qui tout en
empruntant les outils et en revêtant
les attributs formels de la modernité européenne, constitue un déni absolu
de l~RHumanisme européen
M. Derwich Ferho (directeur de l~RInstitut kurde de Bruxelles)
РL~REurope aussi doit s~Rexpliquer car elle ̩tait inform̩e du G̩nocide des
Arméniens et elle porte une part de
responsabilité
РIl faut que cette mentalit̩ fasciste et militariste qui r̬gne en Turquie
M. Dogan Özgüden (directeur de la fondation Info-Türk – Bruxelles)
РDes ̩lus belges d~Rorigine turque qui nie le g̩nocide des Arm̩niens sont
toujours dans les rangs des partis
politiques de Belgique
– En tant que Turc, je suis fils du peuple turc, il faut admettre que la
terre anatolienne appartenait aux
Arméniens et aux Grecs
РActuellement on parle d~R̩galit̩ en Turquie, mais il n~Ry a toujours aucun
non-Turc dans la haute hiérarchie
de l~REtat
– J~Rai vécu en Anatolie, dans des anciens villages arméniens où il restait
ça et là deux ou trois Arméniens.
On les considérait comme les idiots du village.
РCeux qui critiquent la hi̩rarchie militaire en Turquie sont accus̩s de
trahison, d~Rêtre « dépourvus de sang turc ».
M. Ufuk Berdan (Confédération européenne des travailleurs de Turquie ~V ATIK)
– Le grand poète Ahmet Erif a dit « le 24 avril 1915, c~Rest le jour où la
dignité humaine a pleuré »
РLe g̩nocide a aussi ̩t̩ la destruction du patrimoine culturel arm̩nien de
Turquie. Ce génocide a une
dimension de douleur historique inouïe.
РJe suis d~Rorigine arabe, dans ma famille, il y a une fille arm̩nienne qu~R
on avait récupérée et qu~Ron a marié.
– On ne peut plus polémiquer ~V Y-a-t-il eu un génocide ~V nous sommes là pour
renier le négationnisme.
– Nous serons à Erevan pour les commémorations du 24 avril, nous savons ce
qui nous attend à notre retour
РVive la fraternit̩ entre les peuples
M. Ludo Abicht (Professeur émérite à ~QUniversité d~RAnvers)
РPlus personne ne doute de la d̩portation et de l~Rassassinat massif des
Arméniens
РOn est en train de nier la m̩moire Рce sont les assassins de la m̩moire
РComme en Afrique du sud, il ne saurait y avoir de r̩conciliation sans
vérité
РPourquoi la Turquie per̤oit la v̩rit̩ comme mena̤ante ? C~Rest li̩ au
manque d~Rattitude critique.
M. Recep Marasli (écrivain ~V journaliste)
Р90 ans, ̤a ne fait pas longtemps ~V les effets sont toujours pr̩sents et
très brûlants.
РJe voudrais saluer la m̩moire de ce grand artiste qu~R̩tait Karapet
Khatcho, qui était lui aussi un Arménien,
survivant du génocide et élevé dans la culture kurde. A travers lui, je m~R
incline devant toutes les victimes
du génocide.
– Ceux qui disent que l~REtat turc et la société turque n~Ront rien à voir se
trompent. Si on ne crève pas l~Rabcès,
on va encourager d~Rautres génocides. Déjà dans la presse turque, on lit que
« les Turcs d~RAnatolie sont armés
contre leurs voisins kurdes ».
РLes femmes et les enfants soit-disant sauv̩s du g̩nocide [par les Turcs]
ont en fait été récupérés comme butin
et réduits en esclavage. Certains orphelins ont été envoyés à la guerre, d~R
autres utilisés pour la prostitution.
Kiazim Karabékir, par exemple, avait collecté 6000 orphelins à Erzerum, 4000
garçons et 2000 filles, pour le
plaisir sexuel de ses troupes.
РIl n~Ry a pas qu~Rune responsabilit̩ politique, il y a aussi une
responsabilité sociale au sens général.
Qu~Ron fait mes grands-parents ?
– Moi, je suis né à Erzerum ; A Erzerum il y a un quartier qui s~Rappelle «
Gavur Boghan »,
« Les étrangleurs des infidèles ».
– Nous utilisons des anciennes écoles, des anciennes églises comme silo Ã
grains. A l~Récole, on nous dit que
les Arméniens étaient des immigrés importés et des terroristes mais on ne
nous dit pas que les robinets des
fontaines que nous utilisons ont été fabriqués par des Arméniens ;Qu~Rils ont
fait la richesse du pays.
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ANNEXE 2 ~V MOTION ‘Une Reconnaissance pour construire l~RAvenir’
Il y a 90 ans, le Génocide des Arméniens avait lieu dans l~REmpire Ottoman.
A partir du 24 avril 1915, le gouvernement Jeune-Turc de l~REmpire Ottoman
organisait l~Rextermination
du peuple arménien.
Pendant la période 1915-1917, presque tous les villages arméniens de l~R
Empire Ottoman ont été évacués
et plus d~Run million de citoyens ont été tués ou déportés vers un point
final : Deir az-Zor en Syrie.
Ainsi ils étaient condamné à suivre la longue marche de la faim vers le
désert. En général on assure
que plus d~Run million d~RArméniens, ainsi que plusieurs centaines de milliers
d~RAssyro-Chaldéens, ont
été massacrés pendant ce génocide.
Ce génocide réalisé après les ~Qcoups d~Ressai~R de 1894-1896 (300 000 morts
arméniens) fut en tout point
conforme à la définition donnée par la Convention de 1948 sur la Prévention
et la Répression du Crime
de Génocide.
Aujourd~Rhui, nous voulons honorer la mémoire des victimes innocentes de ce
génocide, qui furent exécutées
en raison de leur appartenance ethnique et religieuse.
Nous saluons les résolutions par lesquelles le Parlement européen d~Rune
part, et le Sénat belge d~Rautre
part, ont reconnu ce génocide en tant que tel, respectivement le 18 juin
1987 et le 8 octobre 1997.
Nous enjoignons toutes les autorités de Belgique et celles de l~RUnion
européenne à ne pas oublier cette
tragédie. Les générations futures doivent être conscientisées, entre autre
par l~Renseignement, de
l~Rimportance des droits de l~Rhomme et des libertés citoyennes.
Nous affirmons que la reconnaissance des crimes et les erreurs du passé est
une condition pour ouvrir
la voie au dialogue et à la réconciliation entre les peuples.
Nous insistons sur le fait qu~Ril ne peut pas exister la paix sans la
justice, ni en Turquie et ni en Arménie.
Nous estimons que la reconnaissance des crimes commis même par les anciens
régimes doit être faite sans
la moindre distanciation. C~Rest seulement après la reconnaissance qu~Ron peut
s~Rengager pour la réconciliation.
Nous constatons que les différends entre la communauté turque et les autres
communautés dans cette région
(arménienne, kurde, assyrienne, …) continuent toujours et qu~Rils mènent
encore à des morts, à l~Rexpulsion
des groupes de population et à des innombrables violations des droits de l~R
homme dans cette région.
Par suite nous demandons :
РQue l~RUnion europ̩enne et les Etats membres de l~RUnion europ̩enne
reconnaissant le génocide du peuple
arménien dans l~REmpire ottoman (1915-1917) comme crime contre l~Rhumanité ;
РQue le gouvernement turc reconnaisse l~Rhistoricit̩ du g̩nocide, commis
par le dernier gouvernement de
l~REmpire ottoman en 1915 ;
РQue la Turquie ouvre ses archives pour compl̩ter la documentation
existante attestant le génocide du peuple
arménien dans l~REmpire ottoman (1915-1917)
РQue l~RUnion europ̩enne et ses Etats membres soutiennent toutes les
initiatives qui peuvent favoriser le
dialogue entre la communauté arménienne et la communauté turque afin de
réaliser la réconciliation.
Lionel Vandenberghe Sénateur
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