Michèle Feugeret, gouvernante au Novotel de Saint-Brieuc (Côtes d’Armor), soutient Armine, son ancienne employée, et sa famille, menacés de quitter le territoire français.
(©Marie Lamarque / Le Penthièvre)
« Depuis un mois, la situation devient invivable pour elle. Tous les matins, je la voyais arriver au travail les larmes aux yeux. » Michèle Feugeret, gouvernante au Novotel de Saint-Brieuc (Côtes d’Armor) mesure la gravité de la situation de son ancienne employée, Armine Hayrapetyan. D’origine arménienne, elle, son mari, et ses trois enfants, se sont vu refuser le 1er août 2018 le renouvellement de leurs titres de séjour et signifier l’obligation de quitter le territoire français.
En raison de cette situation devenue irrégulière, Armine, qui possédait un CDI en tant que femme de chambre, a été licenciée le 14 décembre, au grand dam de Michèle Feugeret. « Sans travail, comment va-t-elle s’en sortir maintenant ? », compatit la gouvernante. La famille a recours aux services d’un avocat de Saint-Brieuc, qui a fait appel de cette décision. Le tribunal de Rennes a rejeté cet appel et la demande a été transférée au tribunal de Nantes.
Le 11 février 2014, les Hayrapetyan arrivaient à Saint-Brieuc. Mais leur parcours a été difficile. En 2011, la famille quitte l’Arménie, un pays où « la vie est dure, il n’y a pas de travail, pas de logement », raconte Armine dans un français simple. Alors, ils s’installent en Russie pendant trois ans. Mais rapidement, leur situation se complique. Avec émotion, Alina, l’aînée de la famille, se souvient :
On nous regardait mal parce que nous étions étrangers. Nous avons eu des problèmes et on a préféré partir.
Ils payent un passeur 20 000 € pour arriver en France. Sur place, ils sont d’abord accueillis dans un logement d’urgence. Puis c’est une bénévole de l’association de solidarité avec tous les immigrés (ASTI) qui leur offre un toit. Ils résident ensuite dans un logement de la municipalité de Saint-Brieuc, avant de trouver leur propre maison à Langueux. « On a visité une trentaine de maisons avant de trouver. On a vraiment galéré », ajoute Alina.
Dans son malheur, la famille Hayrapetyan peut tout de même compter sur un grand élan de solidarité. Michèle Feugeret, avec l’aide de son directeur, a adressé un courrier à Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires Étrangères.
Au lycée Rabelais, où est scolarisée Alina, une pétition circule. Les collègues du père de famille, employé dans l’entreprise de casse auto Vandenkerkhove à Plérin, la diffusent également en signe de soutien. Installés en France depuis presque 5 ans, Michèle Feugeret ne comprend pas la décision de la préfecture des Côtes-d’Armor :
Armine et son mari avaient tous les deux un emploi stable. Ils possèdent leur propre logement, payent leur loyer sans aide et sont appréciés par leurs employeurs. Ils devraient pouvoir rester en France.
Alina, 16 ans, qui rêve de devenir interprète, est inquiète pour son avenir et celui de son frère Narek, 13 ans, qui souffre d’un handicap auditif. « Ici, il est assisté d’un AVS et il a ses rendez-vous médicaux. Il n’aura pas ce genre d’aide en Arménie. » Tous les enfants Hayrapetyan parlent arménien mais seule Alina, 16 ans, peut encore l’écrire :
Pour l’apprentissage de la langue, il faudrait que je reprenne tout à zéro, ce qui est faisable. Mais je serais complètement perdue là-bas pour reprendre mes études. Ma petite sœur de 3 ans, qui est née en France, ne connaît rien de ce pays.
La pétition pour la famille Hayrapetyan est disponible en ligne sur change.org